Ça s’agite dans mon corps, grognements, fourmillements, sifflements, contractions. Il est prêt à partir au combat, mais contre qui ? Le seul danger dans cette histoire, le seul bourreau, c’est mon esprit. Au lieu de danser avec la vie, ce con là a décidé d’être en lutte. Du coup la carcasse suit le mouvement.
Le seul endroit confortable, le seul refuge pour eux semble le pays des souvenirs. Le présent tape trop fort ou sonne comme à travers du coton. Le futur s’élève à des hauteurs inatteignables, écrase avec son lot de questions sans réponses et sent déjà le roussit. L’odeur que j’aime moi, c’est celle de la nostalgie. Je pourrais passer des après-midi entiers à m’enfiler les cassettes mentales des épisodes précédents qu’ils soient heureux ou doux-amers. Les terribles, ceux qui font trop chialer, sont dans des espaces de stockage internes nécessitant d’y aller accompagné. Une fois la bonne pellicule trouvée, je déroule, j’analyse et savoure, enfin. Il m’arrive de rembobiner plusieurs fois pour tenter de comprendre et puis finir par réécrire ma propre histoire.
Le danger de ces petites séances de projections, c’est qu’en se complaisant dans ce re-jeu, je passe à côté des nouveaux souvenirs qui attendent là, dehors. Sans nouveautés, je risque alors de convoquer en boucle les mêmes histoires jusqu’à m’en rendre malade et leur faire perdre de leurs saveurs.
Alors cher corps, il serait temps de calmer le palpitant, de retrouver son souffle, de dénouer ses entrailles pour partir vivre un peu. Ne serait-ce que pour s’assurer d’avoir de la matière quand la saison de la mélancolie sera revenue. Accroche toi au printemps et malgré tout à ses promesses.