Une pensée, un livre, une histoire
Contenu publié originellement sur Substack FLORIANE-MARIELLE JOB
JUL 02, 2024
Pensée
La parentalité, voilà un voyage intérieur remuant. Depuis le jour 1 in utero, c’est pour moi une levée quotidienne du voile sur ma propre enfance. C’est l’occasion de luttes politiques au sein du couple comme à l’extérieur du foyer, une source d’inquiétudes micro et macro – allant du petit rhume aux questions sur l’avenir du monde – mais aussi une manière intuitive de se reconnecter aux joies simples.
Pour faire face à ce tourbillon, chacun s’en remet à ses propres bouées de sauvetage, des outils aiguisés au fil du temps pour l’aider à mieux comprendre le monde. Pour moi, les lettres demeurent ce refuge, à travers la lecture comme l’écriture. Je souhaite donc profiter de ce nouveau format, vous partager mes réflexions, conseils lecture et petites histoires qui rythment le temps de l’enfance.
Livre
La matressence : je ne voulais pas y croire, je ne voulais que rien ne change, rester la même. Pourtant, tout est bien différent. Mes questionnements, mes doutes, mes peurs rejoignent aujourd’hui, que je le veuille ou non, les interrogations que les parents et tous ceux qui s’occupent des plus petits partagent depuis toujours. J’aurais aimé avoir plus de réponses, plus de confiance, plus de certitudes. À l’heure où le marketing s’enfonce dans ces failles, cela m’aurait sans doute permis d’économiser quelques euros.
Lorsque l’on parle aujourd’hui de puériculture et de pédagogie, il y a évidemment un nom auquel on ne peut échapper et qui se veut être le garant du bien-être de l’enfant : Montessori. Avant d’être un argument commercial pour vous faire sortir votre carte bleue pour cette arche de motricité ou ce service en porcelaine, il y a la pensée d’une femme, Maria Montessori.
C’est à travers l’ouvrage Montessori, Une conquête d’indépendance, Lettres sur l’éducation et un monde nouveau aux Éditions L’Orma, dans leur jolie collection de Livres à expédier, que j’ai pu percevoir, à travers sa plume, qu’elle faisait de l’enfance une question éminemment politique. Maria Montessori, en s’attachant aux enfants les plus faibles de notre société, prône une approche collective de l’éducation des petits, portée par les familles ensemble au niveau de leurs quartiers et par les pouvoirs publics, tout en ayant un souci pour le réenchantement du quotidien par le beau.
Nous sommes loin des contenus policés des réseaux sociaux qui peuvent être culpabilisants pour les parents fatigués qui n’ont pas le temps de mettre en place leur rotation de jouets ou de prévoir une activité pédagogique pour leur seul enfant. Le manque de sommeil, de confiance en soi et la peur de demain ne rendent pas aisé le fait de s’engager politiquement sur ce temps de l’enfance. Pourtant, ce texte est un rappel bienfaisant et une invitation nécessaire.
Histoire
La courageuse petite orange
À Tanger, au nord du Maroc, se trouvait une magnifique orangeraie connue dans toute la ville. À l’approche de la saison de la récolte, une petite orange avait une grande ambition : devenir le fruit le plus succulent, le plus gros et le plus juteux de l’orangeraie. Elle rêvait d’être dégustée pressée ou même transformée en un délicieux gâteau. Pour y parvenir, elle avait décidé de pousser sur la plus haute branche de l’arbre, là où les rayons du soleil étaient les plus chauds. Rapidement, elle devint d’une belle couleur orange avec des nuances de rouge.
Quand les cueilleurs arrivèrent, portant de lourds paniers, la petite orange était à son maximum de saveur et attendait impatiemment qu’on vienne la cueillir. Mais elle était si haute dans l’arbre qu’aucun des jeunes cueilleurs n’osait grimper pour la saisir. Les jours passaient, et la petite orange commençait à craindre de finir desséchée ou moisie, sans jamais avoir été savourée. Tous ses efforts auraient été vains.
Non loin de là, dans une école de la ville, une classe de maternelle se préparait à faire un voyage à Paris. La maîtresse avait parlé des monuments qu’ils allaient visiter, et les enfants étaient tous impatients, sauf Tania, qui avait le vertige. Elle redoutait de ne pouvoir profiter de la visite de la Tour Eiffel. Décidée à affronter sa peur, elle donna rendez-vous à ses camarades à l’orangeraie un mercredi après-midi. Grimper à un arbre serait une première étape avant le grand voyage.
Ses amis l’encouragèrent, mais en se plaçant au pied de l’arbre, Tania sentit sa peur monter. Elle prit une grande inspiration et commença à grimper. Les premières branches furent difficiles à atteindre. En levant les yeux, elle aperçut tout en haut une orange juteuse. La perspective de l’atteindre lui donna du courage. Branches après branches, pieds après pieds, Tania avançait, même si ses mains lui faisaient mal et qu’elle évitait de regarder en bas. Finalement, elle attrapa l’orange et la glissa dans sa poche.
La descente de l’arbre n’était pas plus facile, mais Tania prenait confiance en elle. Elle évita de glisser et arriva enfin au sol, accueillie par les acclamations de ses amis. Heureuse et fière d’avoir combattu sa peur, elle sortit l’orange de sa poche et partagea ses quartiers avec ses camarades.
Et la petite orange, elle, savourait d’être devenue le fruit d’une si belle victoire.
Pour prolonger l’histoire :
- Avez-vous déjà eu peur de quelque chose ? Comment avez-vous surmonté votre peur ?
- Quelle est votre friandise préférée à base d’orange ?
- Si vous pouviez grimper à un arbre pour attraper quelque chose, qu’aimeriez-vous trouver tout en haut ?