L’art d’essayer
Initialement publié sur Substack Floriane-Marielle Job
août 13, 2024
Alors que se clôture le sommet international de l’essai sportif et que ma fille vient de faire ses premiers pas sous ses propres applaudissements, je reviens dans vos boîtes à lettres numériques parce que malgré la trêve estivale il faut bien aussi continuer à essayer.
Pensée
Essayer : un mot qui évoque toute l’enfance, sa qualité, sa quintessence. Répéter un geste encore et encore jusqu’à le maîtriser, persévérer jusqu’à atteindre cette compétence. Sur le chemin, conserver la candeur et la joie des premières tentatives, même si parfois la frustration et le désespoir prennent le dessus. Il faut essayer pour réussir, se tromper pour avancer, échouer pour progresser. Aucun apprentissage ne se fait sans un effort constant. Mais dans essayer, il y a aussi le plaisir de la découverte, l’élargissement du champ des possibles, le dépassement de soi pour atteindre l’autonomie.
Observer un enfant qui essaie est une leçon d’humilité, un rappel vivant que notre condition humaine nous pousse à toujours apprendre, à trébucher avant de marcher. À l’orée de l’âge adulte, une fois sorti des bancs de l’école, la maîtrise de notre art professionnel tend à nous faire oublier la valeur de l’essai, la richesse de la tentative, et l’importance de l’échec. Acquérir de nouvelles compétences devient alors plus difficile, car on se fige dans ses savoirs et ses habitudes, de peur de la chute.
L’enfant, comme l’athlète, sait que rien n’arrive sans effort et que le plaisir réside également dans l’apprentissage. J’ose espérer qu’en tant que parent, amoureuse, fille, amie, créatrice, manager, chaque jour je continue à trébucher un peu, à chuter, pour toujours trouver une nouvelle maîtrise dans mes gestes et continuer à grandir.
Lecture
Les éditions Marcel et Joachim s’attachent à créer de beaux objets qui se lisent, se partagent et se contemplent, destinés non seulement aux tout-petits et à ceux qui s’en occupent, mais aussi à tous les amateurs de belles choses. J’ai découvert Le monde de Catherine Lavoie à la librairie du Centre Pompidou de Metz, et c’est une merveille que nous prenons plaisir à feuilleter régulièrement. Cet imagier artistique est une invitation à réaliser soi-même de petits découpages pour illustrer ses propres mots. C’est un objet simple et abordable, facile à manipuler, qui contribue de manière élégante et naturelle à la santé culturelle des tout-petits.
Si vous aviez encore besoin d’être convaincus que cette maison d’édition mérite d’être découverte, je vous invite à consulter le post Instagram de sa fondatrice, que je partage ici. Que dire de plus ?
Histoire
Il était une fois, dans la vaste savane africaine, une petite girafe nommée Lila. Contrairement aux autres girafes de son troupeau, Lila avait un cou étonnamment court. Tandis que ses amis étiraient leur long cou pour atteindre les feuilles tendres des acacias, Lila se trouvait bien embarrassée. Elle levait la tête aussi haut qu’elle le pouvait, mais les feuilles semblaient toujours hors de portée. Les autres girafes, bien qu’amicales, ne comprenaient pas pourquoi Lila ne pouvait pas se nourrir comme elles.
Chaque jour, Lila essayait différentes stratégies pour atteindre les feuilles. Elle se mettait sur la pointe des sabots, sautait, ou essayait même de grimper sur des rochers, mais rien ne fonctionnait. À la fin de chaque tentative, Lila restait affamée et triste.
Un jour, alors que Lila se promenait seule à la recherche de quelque chose à manger, elle tomba sur un groupe de gazelles. Ces gazelles, avec leurs cornes élégantes et leur démarche gracieuse, étaient en train de manger de l’herbe tendre et des petites plantes poussant au sol. Curieuse et affamée, Lila s’approcha timidement.
Les gazelles, surprises de voir une girafe si près du sol, la regardèrent avec des yeux ronds. Mais au lieu de la rejeter, elles l’accueillirent avec gentillesse. « Bonjour, petite girafe ! Pourquoi n’es-tu pas avec ton troupeau à manger des feuilles en haut des arbres ? », demanda l’une des gazelles.
Lila baissa les yeux, un peu honteuse. « Je n’y arrive pas », avoua-t-elle. « Mon cou est trop court pour atteindre les feuilles. Je ne sais pas quoi faire. »
Les gazelles échangèrent des regards complices. « Ne t’inquiète pas », dit une autre gazelle. « Nous allons t’aider. Viens manger avec nous ! Il y a beaucoup d’herbe tendre ici, et elle est délicieuse. »
Lila était surprise. Elle n’avait jamais pensé à manger autre chose que des feuilles d’arbre, mais elle décida d’essayer. Elle baissa son cou et prit une bouchée d’herbe verte. C’était différent, mais incroyablement bon ! Et surtout, elle pouvait se nourrir sans difficulté.
Jour après jour, Lila passa de plus en plus de temps avec les gazelles. Ensemble, elles exploraient la savane, découvrant de nouveaux endroits où l’herbe était particulièrement douce et où des buissons bas offraient des baies sucrées. Lila se sentait de plus en plus à l’aise, et surtout, elle se sentait acceptée et aimée pour ce qu’elle était.
Un jour, alors qu’elle mangeait avec ses nouvelles amies, Lila aperçut son ancien troupeau de girafes au loin. Elles semblaient étonnées de la voir si heureuse et en si bonne santé. Lila sourit en les voyant. Elle n’était plus triste de ne pas pouvoir atteindre les feuilles des arbres, car elle avait découvert une nouvelle façon de se nourrir et, surtout, elle avait trouvé des amies qui l’aimaient pour ce qu’elle était.
De temps en temps, Lila rejoignait son ancien troupeau, mais elle revenait toujours vers les gazelles, avec qui elle avait tissé des liens indéfectibles. Elle avait appris que, parfois, les différences qui nous semblent des obstacles peuvent en réalité nous ouvrir à de nouvelles opportunités et à des amitiés inattendues.
Et ainsi, Lila la petite girafe vécut heureuse, entourée de ses amies les gazelles, prouvant que le bonheur se trouve souvent là où on ne l’attend pas.