Alors que se clôture le sommet international de l’essai sportif et que ma fille vient de faire ses premiers pas sous ses propres applaudissements, je reviens dans vos boîtes à lettres numériques parce que malgré la trêve estivale il faut bien aussi continuer à essayer.
Pensée
Essayer : un mot qui évoque toute l’enfance, sa qualité, sa quintessence. Répéter un geste encore et encore jusqu’à le maîtriser, persévérer jusqu’à atteindre cette compétence. Sur le chemin, conserver la candeur et la joie des premières tentatives, même si parfois la frustration et le désespoir prennent le dessus. Il faut essayer pour réussir, se tromper pour avancer, échouer pour progresser. Aucun apprentissage ne se fait sans un effort constant. Mais dans essayer, il y a aussi le plaisir de la découverte, l’élargissement du champ des possibles, le dépassement de soi pour atteindre l’autonomie.
Observer un enfant qui essaie est une leçon d’humilité, un rappel vivant que notre condition humaine nous pousse à toujours apprendre, à trébucher avant de marcher. À l’orée de l’âge adulte, une fois sorti des bancs de l’école, la maîtrise de notre art professionnel tend à nous faire oublier la valeur de l’essai, la richesse de la tentative, et l’importance de l’échec. Acquérir de nouvelles compétences devient alors plus difficile, car on se fige dans ses savoirs et ses habitudes, de peur de la chute.
L’enfant, comme l’athlète, sait que rien n’arrive sans effort et que le plaisir réside également dans l’apprentissage. J’ose espérer qu’en tant que parent, amoureuse, fille, amie, créatrice, manager, chaque jour je continue à trébucher un peu, à chuter, pour toujours trouver une nouvelle maîtrise dans mes gestes et continuer à grandir.
Lecture
Les éditions Marcel et Joachim s’attachent à créer de beaux objets qui se lisent, se partagent et se contemplent, destinés non seulement aux tout-petits et à ceux qui s’en occupent, mais aussi à tous les amateurs de belles choses. J’ai découvert Le monde de Catherine Lavoie à la librairie du Centre Pompidou de Metz, et c’est une merveille que nous prenons plaisir à feuilleter régulièrement. Cet imagier artistique est une invitation à réaliser soi-même de petits découpages pour illustrer ses propres mots. C’est un objet simple et abordable, facile à manipuler, qui contribue de manière élégante et naturelle à la santé culturelle des tout-petits.
Si vous aviez encore besoin d’être convaincus que cette maison d’édition mérite d’être découverte, je vous invite à consulter le post Instagram de sa fondatrice, que je partage ici. Que dire de plus ?
Il était une fois, dans la vaste savane africaine, une petite girafe nommée Lila. Contrairement aux autres girafes de son troupeau, Lila avait un cou étonnamment court. Tandis que ses amis étiraient leur long cou pour atteindre les feuilles tendres des acacias, Lila se trouvait bien embarrassée. Elle levait la tête aussi haut qu’elle le pouvait, mais les feuilles semblaient toujours hors de portée. Les autres girafes, bien qu’amicales, ne comprenaient pas pourquoi Lila ne pouvait pas se nourrir comme elles.
Chaque jour, Lila essayait différentes stratégies pour atteindre les feuilles. Elle se mettait sur la pointe des sabots, sautait, ou essayait même de grimper sur des rochers, mais rien ne fonctionnait. À la fin de chaque tentative, Lila restait affamée et triste.
Un jour, alors que Lila se promenait seule à la recherche de quelque chose à manger, elle tomba sur un groupe de gazelles. Ces gazelles, avec leurs cornes élégantes et leur démarche gracieuse, étaient en train de manger de l’herbe tendre et des petites plantes poussant au sol. Curieuse et affamée, Lila s’approcha timidement.
Les gazelles, surprises de voir une girafe si près du sol, la regardèrent avec des yeux ronds. Mais au lieu de la rejeter, elles l’accueillirent avec gentillesse. « Bonjour, petite girafe ! Pourquoi n’es-tu pas avec ton troupeau à manger des feuilles en haut des arbres ? », demanda l’une des gazelles.
Lila baissa les yeux, un peu honteuse. « Je n’y arrive pas », avoua-t-elle. « Mon cou est trop court pour atteindre les feuilles. Je ne sais pas quoi faire. »
Les gazelles échangèrent des regards complices. « Ne t’inquiète pas », dit une autre gazelle. « Nous allons t’aider. Viens manger avec nous ! Il y a beaucoup d’herbe tendre ici, et elle est délicieuse. »
Lila était surprise. Elle n’avait jamais pensé à manger autre chose que des feuilles d’arbre, mais elle décida d’essayer. Elle baissa son cou et prit une bouchée d’herbe verte. C’était différent, mais incroyablement bon ! Et surtout, elle pouvait se nourrir sans difficulté.
Jour après jour, Lila passa de plus en plus de temps avec les gazelles. Ensemble, elles exploraient la savane, découvrant de nouveaux endroits où l’herbe était particulièrement douce et où des buissons bas offraient des baies sucrées. Lila se sentait de plus en plus à l’aise, et surtout, elle se sentait acceptée et aimée pour ce qu’elle était.
Un jour, alors qu’elle mangeait avec ses nouvelles amies, Lila aperçut son ancien troupeau de girafes au loin. Elles semblaient étonnées de la voir si heureuse et en si bonne santé. Lila sourit en les voyant. Elle n’était plus triste de ne pas pouvoir atteindre les feuilles des arbres, car elle avait découvert une nouvelle façon de se nourrir et, surtout, elle avait trouvé des amies qui l’aimaient pour ce qu’elle était.
De temps en temps, Lila rejoignait son ancien troupeau, mais elle revenait toujours vers les gazelles, avec qui elle avait tissé des liens indéfectibles. Elle avait appris que, parfois, les différences qui nous semblent des obstacles peuvent en réalité nous ouvrir à de nouvelles opportunités et à des amitiés inattendues.
Et ainsi, Lila la petite girafe vécut heureuse, entourée de ses amies les gazelles, prouvant que le bonheur se trouve souvent là où on ne l’attend pas.
Où je partage mon dilemme sur les sacrifices faits par amour et un manuel de survie pour mieux communiquer avec les humains petits et grands.
Publication initiale sur la plateforme de newsletter Substack.
Pensée
Je dois vous faire une confession : ces dernières semaines, je me suis plongée avec délectation dans l’univers enchanteur de la saga Bridgerton. Bien que cette série, qu’elle soit lue ou visionnée, suscite des interrogations quant à ses représentations normatives du mariage, de l’intimité et de l’orientation sexuelle, elle m’a offert une échappatoire réconfortante, particulièrement salutaire face aux défis quotidiens tels que les poussées dentaires de mon enfant. Parmi ses nombreux attraits, l’un des plus marquants est sa capacité à aborder de grands thèmes humains, notamment le sacrifice que nous consentons souvent par amour pour nos proches.
Aimer, que ce soit en tant que parent, frère, sœur, amoureux, ami ou enfant, transforme profondément notre être. Cela nous pousse à nous décentrer, à privilégier les intérêts de l’autre au détriment des nôtres, à projeter des sentiments positifs et empathiques sur ceux que nous chérissons. Il n’est pas nécessaire de rappeler les prouesses physiques auxquelles les parents sont prêts pour protéger leurs enfants afin d’illustrer cette capacité à se dépasser pour autrui.
Dans le deuxième tome de la saga Bridgerton, le vicomte Anthony, aîné de la fratrie, fait une série de choix dictés par le devoir, croyant ainsi agir pour le bien de sa famille. Cependant, ce chemin décisionnel menace de le conduire au malheur. Il faudra toute la bienveillance de sa mère et de sa sœur pour lui faire comprendre que ces arbitrages sont loin de rendre service à ses proches et le rendent lui-même profondément malheureux.
Se sacrifier pour les autres est souvent présenté comme une voie noble. Faire passer autrui avant soi peut être gratifiant et valorisant, surtout pour les âmes charitables. En tant que mère, j’ai découvert en moi des capacités infinies à négliger mes propres besoins, plaçant ceux de ma fille en priorité absolue. Cette notion de sacrifice m’interroge car, avant d’avoir des enfants, je trouvais cet oubli de soi dérangeant, peu féministe, et fragilisant pour les femmes dans leur quête d’autonomie physique, intellectuelle, professionnelle, politique ou financière.
En s’oubliant, en se sacrifiant pour leur famille, j’avais l’impression que ces femmes perdaient de vue la cause de leur émancipation, qu’elles se rendaient vulnérables. En réalité, elles étaient plus fortes que moi. Peut-être que la nature est bien faite, et que ce dépassement de soi, lorsqu’on aime véritablement, est la force de l’humanité. Pourtant, quel rôle cet oubli de soi impose-t-il à ceux que nous aimons ? De la reconnaissance, peut-être, mais qu’a demandé l’être aimé pour se retrouver dans cette position ? Souvent rien, surtout lorsqu’il s’agit de jeunes enfants.
Et quand cette reconnaissance n’arrive pas, l’auto-sacrifié se retrouve avec son amertume et ses regrets, distillant des remarques empreintes de rancœur : « Je n’ai pas pu faire ceci ou cela à cause de toi », « Si tu peux faire telle chose, c’est parce que j’ai dû faire tel sacrifice ». C’est un fardeau lourd à porter pour les enfants, qui ne comprendront ces actions que lorsqu’ils seront eux-mêmes confrontés aux mêmes dilemmes.
Faire passer l’autre avant soi lorsqu’il est plus vulnérable est une noble cause en situation de survie, mais un poids bien lourd au quotidien. Alors, que faire si cette posture n’aide pas l’enfant ? Les théories de développement personnel et la psychologie prônent de se connecter à ses propres besoins et de s’organiser pour pouvoir les combler à coup de compromis et de billets. Mais savoir ce à quoi l’on aspire quand son monde intérieur et ses capacités physiques ont changé relève du défi.
Ma liste des priorités est assez claire : ma famille, ma santé et ma créativité. Lorsqu’il me faut faire des arbitrages, c’est toujours cette priorité numéro un que je privilégie. Mais jusqu’à quand et comment savoir si l’on est allé trop loin par un sens du devoir mal calibré ? Jamais je n’ai demandé à ma mère de se sacrifier pour moi, et pourtant, je sais bien que sans ses choix faits par amour, mon chemin n’aurait pas été le même. Chaque jour doit-il être une danse un peu folle pour équilibrer toutes les priorités que l’on s’est fixées ?
Ma réflexion du jour n’apporte guère de réponses définitives et invite plutôt à une introspection quotidienne pour analyser les origines de nos inclinaisons. Si les actions entreprises sont motivées par le désir de reconnaissance et la valorisation extérieure dans le rôle de “bon parent”, alors peut-être qu’un réajustement est nécessaire. Si, au contraire, nos actions sont dictées par nos valeurs propres et parce qu’elles sont importantes pour nous, même si cela implique de prioriser l’autre, alors ces options semblent plus saines. Cela n’empêchera certes pas de se tromper par amour, mais permettra peut-être de sortir de la posture de l’être aimant qui s’est sacrifié pour, et devenir plutôt l’être d’amour qui agit selon son propre compas de valeurs.
À chaque décision majeure qui me conduit à mettre mon propre confort à l’épreuve, je sonde mon cœur pour en connaître l’origine. J’aspire à me dire : « Je fais cette action car il est important pour moi d’être présente pour ma fille, de lui offrir sécurité et disponibilité, parce que c’est la personne que je souhaite être. » Tout cela, en essayant de ne plus oublier mes propres besoins essentiels.
Lecture
Je découvre avec joie le plaisir d’avoir une enfant capable d’exprimer ses besoins alors qu’elle n’a qu’un an. Elle a sans doute atteint un niveau de développement personnel bien supérieur au mien (vive les nouvelles générations), que je ne veux pas étouffer dans l’œuf. Cependant, j’aspire aussi à mener une existence équilibrée et à lui offrir des repères stables pour se construire et surtout pas à courir tous les soirs après un bébé qui pleure. Dans ce paysage complexe et mouvant, qui semble se recomposer tous les jours pour elle comme pour nous, le guide qui m’accompagne en ce moment est la version pour les tout-petits de l’approche d’Adèle Faber et Elaine Mazlish : Parler pour que les tout-petits écoutent : Un guide de secours pour le quotidien avec des enfants de 2 à 7 ans par Joanna Faber et Julie King.
Cet ouvrage déculpabilisant, didactique et illustré aborde de nombreux cas concrets de gestion des émotions, des conflits et de la sensibilité chez les enfants. Chaque chapitre propose des outils concrets pour établir une communication efficace, adaptée et ludique avec ses enfants afin de surmonter les conflits du quotidien. Les autrices partagent leurs propres échecs et encouragent à mener des échanges, formalisés ou non, dans des cercles de paroles, sur les astuces mises en œuvre pour améliorer la communication avec les enfants.
C’est un ouvrage formidable, une approche qui fait sens pour moi, et je suis très reconnaissante envers l’amie qui m’a fait découvrir cette méthode. Je me permets donc de passer le mot et ce qui est merveilleux c’est que les principes de communication sont également déclinable à destination des adultes !
Cette semaine, je vous propose une petite invitation à la compassion et un conte de ma plume.
Pensée
Avant j’avais des principes, maintenant j’ai un enfant. La petite enfance met à l’épreuve ma résistance au changement en m’apprenant à naviguer avec le courant.
La parentalité est une période de transition intense qui rend si évidente la différence entre mes attentes et la réalité. Je suis partie pour ce grand voyage armée de mon amour pour mon conjoint et de mes valeurs environnementales et sociales. J’avais en tête tout un panel de choses à faire : les couches lavables, le batch-cooking de petits pots, la diversification alimentaire menée par l’enfant, la motricité libre, le portage physiologique, les approches montessori et la naturopathie. Mais voilà le résultat après N+1 : notre fille est née dans des circonstances théâtrales nécessitant l’usage immédiat d’une batterie d’antibiotiques. Nous avons opté pour des couches jetables, des lingettes, le sopalin et même des petits pots bio du commerce. Nous avons également acquis un parc, un transat et même un porte-bébé préformé. Pour couronner le tout, je me retrouve à faire des Facetime avec ses grands-parents. Même pour quelqu’un comme moi, habituée à la danse classique, c’est un bel exercice de grand écart. Et ce n’est pas toujours facile de naviguer au quotidien entre l’image du parent que l’on aurait voulu être, celui que l’on pensait devenir, et celui que l’on est vraiment, surtout quand le mode survie s’enclenche.
Pour ma part, le mode survie a débuté après un mois de nuits foutues en l’air par un bébé effrayé dans ce nouveau monde, réclamant lait et chaleur humaine. Je n’en suis pas encore sortie ; pourtant, chaque jour m’oblige à composer avec mes propres attentes et la réalité, apprenant à nager avec le courant plutôt qu’à m’épuiser à vouloir le remonter. Je ne souhaite pas que ce contenu devienne aliénant pour ceux sans enfants, par choix ou par circonstance. Je profite donc de l’occasion pour ajouter que ce ressenti n’est pas propre à la parentalité, mais qu’il nous traverse universellement lors des grandes transitions et changements de vie.
Alors que je m’évertue dans mon travail à accompagner le changement et à faire percevoir ses vertus aux plus réticents, cette expérience personnelle m’a fait réaliser que je détestais cette période d’instabilité, de remise en question et de transformation, me poussant à devenir le contraire de moi-même. Je continue de croire qu’une fois sortis du mode survie, je pourrai renouer et intégrer mes valeurs plus subtilement dans mon quotidien et dans l’éducation de notre fille, même si je peux encore me tromper. Quoi qu’il en soit, cette période de grande transformation m’a appris à être plus compréhensive et flexible face aux défis que peuvent traverser les autres. Petits ou grands, ces changements nous mettent à l’épreuve, nous fragilisent, nous rendent ductiles. Mais j’espère encore qu’ils nous permettront de devenir meilleurs et plus sages.
Histoire
Un conte abécédaire pour nous inviter à célébrer les mots, la solidarité et la diversité.
Ce matin, tu t’es réveillé et tous les mots avaient disparu. Dans les bouches, les journaux, sur les enseignes et dans les livres, il ne restait même pas leurs ombres.
Pour toi, qui chéris tant les histoires et les doux mots des gens qui t’aiment, cette disparition était un drame.
Alors, tu t’es souvenu, dans ta tête, à travers quelques images, d’un conte que te racontait ta grand-mère : au-delà des montagnes, existait une vallée où fleurissaient les lettres. Sans lettres, point de mots. Peut-être là-bas trouverais-tu une explication, voire une solution, à la tristesse grandissante des gens privés de mots.
Tu as rassemblé quelques affaires, des vivres, et appelé ton chien pour qu’il t’accompagne. Puis, tu as pris la direction du Nord. Il a fallu te fier à la mousse aux pieds des arbres, car même sur les cartes, toutes les indications avaient disparu. La marche, les intempéries, la solitude, tout cela ne te faisait pas peur d’habitude. Mais là, sans pouvoir parler à ton chien, chanter pour te donner du courage, ou murmurer une pensée pour les personnes que tu aimes, tout semblait plus difficile.
Le silence, voilà ce qui a rythmé ton voyage. Des kilomètres de plaines ont fait place à la forêt, et c’est là que tu as entendu quelque chose pour la première fois : le chant d’un oiseau. C’était si beau qu’une larme a roulé sur ta joue. Tu as alors compris que les notes de musique, elles, n’avaient pas disparu. Tu t’es mis à siffler une belle mélodie, puis tu as souri pour la première fois depuis le début de cette aventure.
Après la forêt, il y a eu le froid des sommets. Tu as même cru apercevoir un léopard des neiges. Une fois la montagne franchie, tu t’attendais à retrouver le ciel bleu et la chaleur des rayons du soleil. Mais plus tu descendais vers la vallée, plus il faisait sombre et glacial.
Tu t’enfonçais dans un épais brouillard couleur de nuit. T’étais-tu trompé de chemin, ou bien les histoires que te racontait ta grand-mère n’étaient-elles que des légendes ? Fatigué, découragé, tu finis par t’endormir au pied d’un arbre, ton chien blotti contre toi pour vous tenir chaud.
Dans ton sommeil, ta mamie te rend visite. Tu vois son sourire et son regard qui inspire confiance. Dans ce rêve, c’est comme si elle t’envoyait des réponses à tes questions. Au matin, tu te réveilles toujours dans cette épaisse brume, mais au moins tu sais quoi faire.
Tu es au bon endroit. Dans quelques mètres, ce sera la vallée des lettres. Tu comprends aussi qu’avec cette pénombre et ce froid, les lettres ne doivent plus pouvoir pousser. Qu’est-ce qui a bien pu conduire à ce changement climatique ? Cela, tu l’ignores, mais tu sais qu’il te faut préserver les graines lettres si tu veux que les mots reviennent.
Un véritable désastre s’étend devant tes yeux. Là où tu aurais dû t’émerveiller devant d’innombrables fleurs-lettres de toutes les couleurs, tu n’as devant toi que des plantes fanées et grises. Alors, méthodiquement, tu te mets à récolter les graines cachées dans les lettres mortes : A, B, C, D, E… Tu parcours tout l’alphabet avec minutie, préservant dans de petits sacs en tissu les derniers fragments d’espoir pour sauver les mots.
Ici, la nature est devenue trop triste. Il faudra planter les fleurs-lettres ailleurs. Peut-être que la vallée était trop éloignée du village, et les gens ont oublié de prendre soin de l’environnement ? À ton retour, tu confieras chaque graine de lettre à un habitant qui devra en être le gardien. Ils devront veiller sur leur fleur-lettre pour assurer que les mots continuent à croître et à s’épanouir.
Tu te mets en route, les petits sacs de graines serrés contre ton cœur. Ton chien et toi, vous avez presque le sourire aux lèvres. Lorsque tu arrives au village, tu cours vers la maison de tes grands-parents. Mais pas le temps de les prendre dans tes bras, tu te précipites vers la remise où tu rassembles tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à un pot de fleur. Une fois que tu as réuni vingt-six pots, tu les remplis de terre avant d’y planter les graines de chacune des lettres de l’alphabet. Avec un vieil arrosoir en fer, tu verses un peu d’eau dans chacun. La prochaine étape ? Confier chaque fleur-lettre à un villageois.
La première personne à qui tu penses, c’est celle sans qui rien n’aurait été possible : ta grand-mère. Tu cours dans sa cuisine, déposes le pot contenant la lettre A au bord de la fenêtre baignée de lumière, puis tu vas l’embrasser tendrement. Elle te regarde, les yeux pétillants. Vous le savez tous les deux, deux mots viennent de renaître : aimer et audace. L’amour, parce que c’est le sentiment que vous partagez ; l’audace, parce que c’est la force qu’elle t’a donnée.
C’est ainsi que tu as compris que pour faire revenir les mots, il ne fallait pas seulement sauver les fleurs-lettres. Les gens devaient aussi donner du cœur et transmettre leurs valeurs pour que le langage revienne. Tu commences alors le tour du village pour poursuivre ta mission. Ton chien tire fièrement derrière lui une petite charrette où tu as placé tous les pots.
Tu t’arrêtes d’abord à l’école, où tu retrouves ta maîtresse qui, malgré tout, s’occupe des enfants en communiquant par des dessins et en sifflotant. Lorsqu’elle reçoit le pot de fleur lettre B, le mot bienveillance apparaît.
En chemin, tu croises une infirmière qui navigue de patient en patient, faisant preuve d’intuition pour comprendre les maux des malades. Elle veillera sur la fleur lettre C. Son grand cœur et son sens du service font renaître le mot courage.
La prochaine porte à laquelle tu frappes est celle d’un avocat, défenseur des gens du village. Derrière lui, sa petite fille tient une baguette magique qu’elle a fabriquée elle-même. Lorsque tu leur tends les lettres D et E, apparaissent les mots droiture et émerveillement.
Tu passes ensuite à la bibliothèque, où tu trouves la bibliothécaire animant un théâtre d’ombres faute de pouvoir lire des histoires aux enfants. Tu poses la fleur lettre F sur le bureau d’accueil et l’énergie du lieu fait éclore le mot fraternité. Tu remarques aussi deux parents qui sont famille d’accueil pour des enfants dans le besoin. Tu leur confies les fleurs lettres G et H, et leur présence fait renaître les mots gratitude et hospitalité.
En chemin vers la place centrale du village, tu passes devant un café où un artiste et un philosophe sont attablés, tentant de refaire le monde comme avant. Tu apportes les fleurs lettres I et J et grâce à eux reviennent l’innovation et la joie. À côté, l’échoppe d’un potier japonais expose de magnifiques bols en céramique, certains recollés à l’or fin. En faisant un petit salut traditionnel japonais, tu lui confies la fleur lettre K et le mot qui apparaît est kintsugi, symbole de son travail.
Arrivé sur la place du village, tu t’aperçois que de nombreux habitants sont sortis de chez eux et se rassemblent comme pour t’attendre. Sans doute t’ont-ils vu parcourir la ville. Cela tombe bien, penses-tu, tu as encore beaucoup de pots dans ta charrette. Les villageois curieux s’approchent de toi et tu commences à distribuer les pots.
Un chef d’entreprise prend la fleur lettre L et le mot leadership, symbole de son engagement à diriger ses équipes, renaît. Un ingénieur permet au mot maîtrise d’apparaître en acceptant de s’occuper de la fleur lettre M. Une mère et son enfant approchent pour prendre les fleurs lettres N et O. Leurs yeux pétillent quand apparaissent les mots nouveauté et optimisme.
Il te vient alors l’idée de prendre soin toi aussi d’une fleur lettre, pour ressentir ce que tu as vu émerger chez chacune des personnes acceptant un pot. Tu choisis la fleur lettre P et tu sens monter en toi une chaleur et une joie qui font éclore dans ton esprit et pour tous le mot persévérance. Cela te ressemble finalement bien.
Un vieux médecin chinois, accompagné de ce qui semble être son patient, s’avance. Après avoir pris dans leurs bras les pots des fleurs lettres Q et R, les mots Qi pour l’énergie vitale en chinois et résilience pour la force de dépasser les épreuves, apparaissent.
Les personnes continuent d’affluer sur la place, et un agriculteur, accompagné de sa vache, s’approche de ta charrette pour prendre la fleur lettre S. Comme son métier l’oblige à soutenir tous grâce à la nourriture qu’il produit, le mot soutenir apparaît.
Toute une équipe de bénévoles d’une association d’aide aux plus démunis s’approche. Leurs grands cœurs ne peuvent rester insensibles à la mission que tu proposes. Ils s’emparent des fleurs lettres T, U, V, W et X. Pas forcément les lettres les plus utilisées, mais elles pourront compter sur leur vigilance. Les mots tolérance, unis, volontaires, woke et xénophile renaissent alors.
Il ne reste plus que deux pots, et ta mission sera accomplie. Un professeur de yoga et un moine bouddhiste s’avancent pour prendre les fleurs lettres Y et Z. Comme un cycle qui se termine, les mots yoga et zen reviennent.
C’est alors qu’une grande bourrasque de vent balaye la place, emportant avec elle les pollens des fleurs lettres et permettant de faire renaître partout, dans les livres, sur les enseignes et dans les bouches, les mots qui vous avaient tous manqués. Les gens parlent, crient, rient et chantent. Tu avais presque oublié la joie que procure cette joyeuse cacophonie.
Tu es conscient qu’il ne faut pas s’arrêter là, qu’il faut expliquer ce que tu as vu et alerter sur l’importance de prendre soin de la nature et des fleurs lettres pour éviter que cette catastrophe ne se reproduise.
Les gens t’écoutent d’un air grave, comprenant l’importance de ce qui se joue. Avec tous les villageois, vous décidez de définir un abécédaire des grandes idées qui devront guider votre action pour préserver votre environnement. D’où viennent les mots qui composent cet abécédaire ? Évidemment, ce sont les premiers qui sont réapparus lorsque tu as réussi à sauver les fleurs lettres : les 26 mots du courage et de la renaissance du langage.
A – Amour B – Bienveillance C – Courage D – Droiture E – Émerveillement F – Fraternité G – Gratitude H – Hospitalité I – Innovation J – Joie K – Kintsugi L – Leadership M – Maîtrise N – Nouveauté O – Optimisme P – Persévérance Q – Qi R – Résilience S – Soutenir T – Tolérance U – Unis V – Volontaires W – Woke X – Xénophile Y – Yoga Z – Zen
Je vous remercie de votre lecture, n’hésitez pas à me faire vos retours et à partager ces textes ! Je travaille à terme à mieux illustrer ces publications.
Les avancées de la recherche et la plus grande visibilisation des profils neurotypiques permettent aujourd’hui à beaucoup de personnes de mieux comprendre leurs modes de fonctionnements intérieurs et aux managers de prendre encore plus conscience que nous n’avons pas tous les mêmes manières de nous mettre en mouvement. Une chance, car les personnes neurotypiques, comme celles atteintes de troubles tels que l’autisme, le TDAH (trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité), la dyslexie, etc. apportent des perspectives uniques et des compétences précieuses au sein des équipes. Cependant, si elles ne sont pas diagnostiquées ou si l’environnement de travail dans lequel elles sont ne leur permet pas de bénéficier de conditions sécurisantes d’exercice, elles risquent de s’épuiser ou de se retrouver en perte d’alignement assez rapidement entre leurs aspirations et le fonctionnement des organisations. Aussi dans cet article, je vous propose quelques pistes pour mieux appréhender le management de ces profils qui sont de vraies ressources.
1. Comprendre la neurodiversité pour mieux développer les talents
Les profils neuroatypiques ont des sensibilités particulières qui rendent leur quotidien plus difficile et nécessite souvent le développent de stratégie d’adaptation supplémentaires. Cela conduit les personnes à devoir relever des défis mais aussi à développer des qualités uniques qui sont précieuses dans les organisations de travail.
Parmi les plus courants, on trouve l’autisme, un spectre large qui inclut des personnes ayant des modes de communication, de socialisation et de perception sensorielle singulières, souvent associées à une grande attention aux détails et à une forte capacité de concentration sur des sujets d’intérêt.
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) se caractérise par des difficultés de concentration, une impulsivité et parfois une hyperactivité, mais aussi par une pensée créative, une capacité à résoudre des problèmes de manière originale et une énergie contagieuse.
La dyslexie affecte la capacité à lire et à écrire, mais les personnes dyslexiques possèdent souvent des compétences exceptionnelles en pensée visuo-spatiale et en résolution de problèmes complexes. La dyspraxie, ou trouble de la coordination, impacte la planification et la réalisation des mouvements, mais les individus dyspraxiques développent des stratégies compensatoires impressionnantes et font souvent preuve de grande résilience. D’autres conditions incluent la dyscalculie (difficulté avec les mathématiques), où l’on trouve fréquemment des compétences fortes en pensée créative et narrative, et la dysgraphie (difficulté avec l’écriture), souvent accompagnée d’une capacité exceptionnelle à penser en images.
Les troubles de la modulation sensorielle, qui affectent la manière dont les individus perçoivent et réagissent aux stimuli sensoriels, peuvent aussi être associés à une sensibilité accrue et à une perspective unique sur le monde. Le syndrome de Tourette se manifeste par des tics moteurs et vocaux, mais est souvent associé à une intensité émotionnelle, une créativité remarquable et une persévérance inébranlable.
Chaque profil neuroatypique apporte une richesse de perspectives et de compétences, et reconnaître et valoriser ces profils permet de créer des environnements plus inclusifs et de tirer parti de la diversité cognitive pour favoriser l’innovation et la créativité.
2. Créer un environnement de travail inclusif
L’aménagement des espaces et les règles de vivre ensemble
Créer un environnement de travail inclusif nécessite une attention particulière à l’aménagement des espaces et aux règles de vivre ensemble, ainsi que la mise en place de bonnes stratégies de communication. La difficulté de manager des profils neuroatypiques réside dans le fait que chaque individu a des besoins spécifiques pour rendre ses conditions de travail confortables. Dans l’aménagement des espaces, la modularité et la flexibilité sont des principes essentiels à retenir. Par exemple, les personnes autistes auront besoin de calme et de concentration, tandis que les personnes avec TDAH nécessitent une structure claire et une visualisation explicite des éléments nécessaires à la réalisation de leurs tâches quotidiennes. Il est crucial de proposer des espaces de travail calmes pour ceux qui sont facilement distraits ou surstimulés, d’utiliser des éclairages ajustables pour accommoder les sensibilités lumineuses, et de fournir du matériel ergonomique pour assurer confort et concentration. De plus, permettre des horaires de travail flexibles peut accommoder les rythmes de travail individuels, et offrir des options de télétravail peut réduire le stress lié aux environnements de bureau bruyants.
Les bonnes stratégies de communication à adopter
Pour manager efficacement les profils neuroatypiques, adopter de bonnes stratégies de communication est essentiel. Il est crucial de fournir des instructions claires et détaillées par écrit pour éviter toute ambiguïté. Offrir des feedbacks réguliers et constructifs, en se concentrant sur des comportements spécifiques plutôt que sur des jugements généraux, crée un environnement de travail positif et motivant. De plus, structurer les réunions et fournir un ordre du jour à l’avance permet à chacun de se préparer adéquatement, favorisant une participation active et efficace.
Pour faciliter la gestion quotidienne, les outils numériques appropriés peuvent être d’une grande aide. Des outils de gestion de projet comme Trello ou Asana permettent d’organiser les tâches et les projets de manière visuelle, rendant le travail plus accessible et compréhensible. Des applications de communication comme Slack ou Microsoft Teams facilitent des échanges clairs et structurés, améliorant la collaboration. Les outils de prise de notes, tels qu’Evernote ou Notion, aident à organiser les informations et les tâches de manière personnalisée et efficace.
Pour maintenir la concentration, des applications comme Focus@Will peuvent être très utiles, tandis que des outils de gestion du temps comme Toggl ou la méthode Pomodoro aident à suivre et gérer le temps de manière efficiente. En combinant ces stratégies de communication avec des outils technologiques adaptés, les managers peuvent mieux répondre aux besoins variés des profils neuroatypiques, créant ainsi un environnement de travail inclusif, productif et enrichissant pour tous.
3. Avoir une approche managériale individualisée pour encourager les individus et accompagner les profils non diagnostiqués
En tant que manager il est important de s’adapter à chaque collaborateur, mais cela est d’autant plus crucial pour les profils neuroatypiques. Pour ce faire plusieurs stratégies sont essentielles : l’organisation de rencontres individuelles régulières qui permettent de comprendre précisément les besoins et les préférences spécifiques de chaque personne, la mise en place de plans de développement de carrière personnalisés en tenant compte des forces et des aspirations, enfin dans les profils de poste il est crucial d’assigner des tâches qui mettent en valeur les compétences particulières de chaque individu et d’offrir des opportunités de formation continue pour renforcer ces compétences.
Lorsqu’il s’agit de manager une personne neuroatypique non diagnostiquée, l’observation attentive des comportements est essentielle. Certains signes comme des difficultés de concentration, une sensibilité sensorielle accrue ou des défis dans la communication peuvent être des indicateurs de neurodiversité, même sans diagnostic formel. Encourager une communication ouverte est également primordial, en créant un environnement où les employés se sentent à l’aise pour discuter de leurs défis sans craindre la stigmatisation. Poser des questions ouvertes aide à comprendre leurs besoins et leurs préférences sans insister sur un diagnostic formel.
Pour appliquer des approches personnalisées, il est bénéfique d’introduire des mesures d’adaptation générales telles que la flexibilité des horaires ou l’option de télétravail, qui peuvent être avantageuses pour tous les employés. Offrir un support personnalisé et des ajustements basés sur les besoins individuels identifiés par l’observation et la communication directe permet de créer un environnement de travail inclusif et favorable à la productivité et au bien-être de chacun.
Conclusion
Mieux manager des personnes neuroatypiques demande de la sensibilité, de l’adaptabilité et une volonté de comprendre et de répondre aux besoins individuels. Comme pour toutes les démarches d’inclusions, la mise en place de ces méthodologies peut non seulement aider les équipes neuroatypiques à réussir, mais aussi enrichir l’ensemble de l’organisation dans une meilleure prise en compte de la qualité de vie au travail et par la diversité des perspectives et des compétences apportées par chacun. Adopter une approche centrée sur l’individu et flexible est la clé pour créer un environnement de travail harmonieux, productif et durable pour tous.
La parentalité, voilà un voyage intérieur remuant. Depuis le jour 1 in utero, c’est pour moi une levée quotidienne du voile sur ma propre enfance. C’est l’occasion de luttes politiques au sein du couple comme à l’extérieur du foyer, une source d’inquiétudes micro et macro – allant du petit rhume aux questions sur l’avenir du monde – mais aussi une manière intuitive de se reconnecter aux joies simples.
Pour faire face à ce tourbillon, chacun s’en remet à ses propres bouées de sauvetage, des outils aiguisés au fil du temps pour l’aider à mieux comprendre le monde. Pour moi, les lettres demeurent ce refuge, à travers la lecture comme l’écriture. Je souhaite donc profiter de ce nouveau format, vous partager mes réflexions, conseils lecture et petites histoires qui rythment le temps de l’enfance.
Livre
La matressence : je ne voulais pas y croire, je ne voulais que rien ne change, rester la même. Pourtant, tout est bien différent. Mes questionnements, mes doutes, mes peurs rejoignent aujourd’hui, que je le veuille ou non, les interrogations que les parents et tous ceux qui s’occupent des plus petits partagent depuis toujours. J’aurais aimé avoir plus de réponses, plus de confiance, plus de certitudes. À l’heure où le marketing s’enfonce dans ces failles, cela m’aurait sans doute permis d’économiser quelques euros.
Lorsque l’on parle aujourd’hui de puériculture et de pédagogie, il y a évidemment un nom auquel on ne peut échapper et qui se veut être le garant du bien-être de l’enfant : Montessori. Avant d’être un argument commercial pour vous faire sortir votre carte bleue pour cette arche de motricité ou ce service en porcelaine, il y a la pensée d’une femme, Maria Montessori.
C’est à travers l’ouvrage Montessori, Une conquête d’indépendance, Lettres sur l’éducation et un monde nouveau aux Éditions L’Orma, dans leur jolie collection de Livres à expédier, que j’ai pu percevoir, à travers sa plume, qu’elle faisait de l’enfance une question éminemment politique. Maria Montessori, en s’attachant aux enfants les plus faibles de notre société, prône une approche collective de l’éducation des petits, portée par les familles ensemble au niveau de leurs quartiers et par les pouvoirs publics, tout en ayant un souci pour le réenchantement du quotidien par le beau.
Nous sommes loin des contenus policés des réseaux sociaux qui peuvent être culpabilisants pour les parents fatigués qui n’ont pas le temps de mettre en place leur rotation de jouets ou de prévoir une activité pédagogique pour leur seul enfant. Le manque de sommeil, de confiance en soi et la peur de demain ne rendent pas aisé le fait de s’engager politiquement sur ce temps de l’enfance. Pourtant, ce texte est un rappel bienfaisant et une invitation nécessaire.
Histoire
La courageuse petite orange
À Tanger, au nord du Maroc, se trouvait une magnifique orangeraie connue dans toute la ville. À l’approche de la saison de la récolte, une petite orange avait une grande ambition : devenir le fruit le plus succulent, le plus gros et le plus juteux de l’orangeraie. Elle rêvait d’être dégustée pressée ou même transformée en un délicieux gâteau. Pour y parvenir, elle avait décidé de pousser sur la plus haute branche de l’arbre, là où les rayons du soleil étaient les plus chauds. Rapidement, elle devint d’une belle couleur orange avec des nuances de rouge.
Quand les cueilleurs arrivèrent, portant de lourds paniers, la petite orange était à son maximum de saveur et attendait impatiemment qu’on vienne la cueillir. Mais elle était si haute dans l’arbre qu’aucun des jeunes cueilleurs n’osait grimper pour la saisir. Les jours passaient, et la petite orange commençait à craindre de finir desséchée ou moisie, sans jamais avoir été savourée. Tous ses efforts auraient été vains.
Non loin de là, dans une école de la ville, une classe de maternelle se préparait à faire un voyage à Paris. La maîtresse avait parlé des monuments qu’ils allaient visiter, et les enfants étaient tous impatients, sauf Tania, qui avait le vertige. Elle redoutait de ne pouvoir profiter de la visite de la Tour Eiffel. Décidée à affronter sa peur, elle donna rendez-vous à ses camarades à l’orangeraie un mercredi après-midi. Grimper à un arbre serait une première étape avant le grand voyage.
Ses amis l’encouragèrent, mais en se plaçant au pied de l’arbre, Tania sentit sa peur monter. Elle prit une grande inspiration et commença à grimper. Les premières branches furent difficiles à atteindre. En levant les yeux, elle aperçut tout en haut une orange juteuse. La perspective de l’atteindre lui donna du courage. Branches après branches, pieds après pieds, Tania avançait, même si ses mains lui faisaient mal et qu’elle évitait de regarder en bas. Finalement, elle attrapa l’orange et la glissa dans sa poche.
La descente de l’arbre n’était pas plus facile, mais Tania prenait confiance en elle. Elle évita de glisser et arriva enfin au sol, accueillie par les acclamations de ses amis. Heureuse et fière d’avoir combattu sa peur, elle sortit l’orange de sa poche et partagea ses quartiers avec ses camarades.
Et la petite orange, elle, savourait d’être devenue le fruit d’une si belle victoire.
Pour prolonger l’histoire :
Avez-vous déjà eu peur de quelque chose ? Comment avez-vous surmonté votre peur ?
Quelle est votre friandise préférée à base d’orange ?
Si vous pouviez grimper à un arbre pour attraper quelque chose, qu’aimeriez-vous trouver tout en haut ?
Dans un quotidien prenant il est parfois difficile de trouver les ressources pour traduire rapidement et efficacement l’ensemble de ce que l’on peut avoir en tête en tant que manager culturel. Le rêve serait d’avoir à ses côtés un assistant, binôme de choc mais c’est une configuration rare que je n’ai jamais connu pour ma part. Alors l’avènement de l’IA générative a pu se révéler ces derniers mois comme l’opportunité d’avoir enfin à mes côtés un assistant couteau suisse. On peut le déplorer, mais n’ayant jamais connu le monde d’avant, je me réjouis des potentialités de cet outil, moyennant les précautions nécessaires pour la sécurité des données, le maintien de l’esprit critique et de la créativité.
Facilitez votre quotidien grâce à l’IA
1. Pour améliorer mes écrits
Une grande partie de mon temps de travail est consacrée à transposer mes idées et les réflexions des services que j’accompagne en écrits : mails, posts sur les réseaux sociaux, comptes rendus, rapports… En transmettant à votre assistant IA les bonnes requêtes et la matière première, vous pourrez :
Rédiger des mails et des posts sur les réseaux sociaux plus qualitatifs : L’IA peut reformuler et améliorer vos messages pour qu’ils soient plus engageants et professionnels. Exemple : Pour annoncer vos événements ou présenter vos actions, vous pouvez utiliser l’IA afin de générer un contenu plus engageant qui soit calibré pour chaque réseau social.
Synthétiser des données : Que ce soit pour résumer des articles, des documents longs ou des recherches, l’IA peut condenser l’information en points clés faciles à comprendre. Exemple : Dans le cadre de votre veille professionnelle, si vous souhaitez pouvoir vous approprier rapidement les grandes lignes d’un long rapport, il est possible de charger le document sur une plateforme d’IA et d’en demander une synthèse en quelques minutes. Si vous souhaitez mieux comprendre la scénographie et le propos d’une exposition vous pouvez également faire une requête et l’IA vous proposera une synthèse structurée de l’exposition.
Mettre en forme vos comptes rendus de réunion rapidement : Plutôt que de passer des heures à organiser vos notes, l’IA peut le faire en quelques minutes. Exemple : Après une réunion de projet, j’ai fourni vous pouvez fournir vos notes brutes à l’IA qui vous produira un compte rendu clair et structuré en un rien de temps.
Améliorer les notes, présentations visuelles et rapports : L’IA peut proposer des améliorations stylistiques et de contenu pour vos documents, les rendant ainsi plus professionnels et percutants. Exemple : Fini les Powerpoint ennuyeux ou longs à produire, les coquilles dans vos rapports et notes, l’IA peut vous accompagner et vous suggérer des améliorations stylistiques pour rendre vos textes plus convaincants.
2. Pour les phases d’idéation
L’IA peut également se révéler un outil passionnant lors des phases d’idéation d’un projet. Elle peut être le contrepoint ou l’élément de recul que l’on n’a pas lorsque l’on travaille seul sur un dossier.
Proposer de nouvelles fiches de poste et des cahiers des charges : En lançant des requêtes générales, l’IA peut générer des idées et des cadres de travail que vous pouvez adapter à vos besoins spécifiques. Exemple : J’ai utilisé l’IA pour créer la base de fiches de postes pour des nouvelles missions au sein de mon équipe. Les suggestions de l’IA ont été précieuses pour définir les compétences et les responsabilités de manière claire et attrayante.
Lancer de nouveaux projets : L’IA peut fournir des synthèses intéressantes et aider à considérer de nouvelles approches avant de lancer un projet. Exemple : Avant de démarrer un nouveau projet de programmation culturelle, j’ai demandé à l’IA de me donner des exemples de projets similaires. Cela m’a permis d’avoir une vision plus large et d’éviter certaines erreurs courantes.
Confirmer des intuitions : Même lorsque l’innovation n’est pas au rendez-vous des propositions faites par l’IA, cela permet au moins de valider vos intuitions.
En conclusion
Évidemment, je n’en suis qu’au début de ma formation sur les outils de l’IA et de nombreux potentiels s’offrent encore à moi ! L’IA, avec ses capacités d’amélioration continue et ses applications variées, s’annonce comme un compagnon indispensable pour les professionnels du secteur culturel. Que ce soit pour améliorer nos écrits ou pour nourrir notre créativité, l’assistant IA transforme notre façon de travailler et ouvre des perspectives infinies.
N’hésitez pas à partager vos propres expériences et les manières dont vous utilisez l’IA dans votre quotidien professionnel. Ensemble, nous pouvons explorer et maximiser les possibilités de cet outil révolutionnaire !
Ce qui anime tout mon parcours professionnel, c’est de permettre aux énergies et aux talents de s’exprimer pleinement au service de projets ayant du sens. Depuis longtemps, je m’intéresse aux ressorts de la motivation durable et vertueuse au travail, notamment dans les domaines de la culture, du numérique et du tourisme.
J’ai toujours accompagné des collectifs passionnés, animés par un fort sens de l’intérêt général mais parfois emprisonnés par des routines et croyances limitantes. Réinventer les modèles et porter de nouveaux projets peut s’avérer complexe. Voici trois enseignements tirés de mon expérience de manager et formatrice, que je souhaite partager.
1. L’écoute active comme outil de transformation
L’écoute active valorise les savoirs et expériences de chacun, indépendamment de l’adhésion individuelle au projet de transformation. Dans le secteur public, les organisations restent souvent très verticales, et les personnes intégrées à ce système depuis longtemps n’ont parfois pas eu l’occasion de développer des compétences d’écoute, d’empathie et de transmission.
Lors de la mise en place d’un projet de transition numérique, il peut être difficile pour les agents présents de longue date de s’adapter et d’accepter de changer de culture professionnelle. En organisant des ateliers d’écoute active, il devient possible de recueillir leurs préoccupations et suggestions, ce qui permet de cocréer des solutions adaptées. Former ses collègues et cadres à changer de paradigme facilite la remontée d’idées et renforce le sentiment d’appartenance à un projet collectif.
2. L’importance de la communauté
Dans les services culturels, numériques ou touristiques, créer de l’attachement, de l’interaction, de la fidélisation et de la fréquentation peut être difficile si les actions sont pensées de manière descendante, de l’institution vers les publics. Dans un monde globalisé, l’être humain recherche l’appartenance, le local, et la création de commun, ce qui peut s’harmoniser avec une approche universelle.
Prenons l’exemple d’un festival culturel. Traditionnellement, les événements sont planifiés par les organisateurs et imposés aux participants. En changeant cette approche pour impliquer activement la communauté locale dans la planification et l’exécution du festival, une augmentation significative de la participation et de l’engagement a été observée. Faire bouger les lignes pour aller vers le « faire avec », « faire ensemble » ou même « laisser faire » est bénéfique pour nos institutions.
3. Mettre en place des garde-fous pour éviter les erreurs
La plus grande leçon, et parfois le plus grand regret, est de prendre conscience 2 à 3 ans après de l’inadéquation d’une posture, d’un enfermement dans une pensée ou encore d’une erreur managériale. Le cadre se retrouve souvent seul face à lui-même ou entouré de pairs ayant une posture similaire.
Par exemple, lors d’un choix managérial au sein d’une organisation, on peut se sentir contraint par les circonstances, les habitudes, les préconceptions, et n’envisager qu’un seul choix possible. Avec du recul, lorsque les agents se sentent plus libres de parler, il devient apparent qu’une stratégie basée sur des hypothèses non validées a été mise en œuvre. Solliciter davantage de feedback dès le début est essentiel. Il est primordial de développer un réseau de confiance qui permet un espace d’échange et de questionnement, que ce soit à travers un réseau professionnel en dehors de son lieu d’exercice ou un accompagnement professionnel.
La liste de ces enseignements pourrait être plus longue, mais ce sont les réflexions qui m’animent actuellement. En partageant ces expériences et ces leçons, j’espère inspirer d’autres professionnels à adopter une approche plus humaine et collaborative dans leurs pratiques, favorisant ainsi des environnements de travail plus dynamiques et épanouissants pour tous.
Il rayonne, il palpite et sort de lui comme un léger grésillement. Planté là, au milieu du trottoir, il est impossible de dire ce qu’il était censé éclairer.
Elle, seule. Fin de soirée de novembre, l’âme un peu trop chahutée par la vie et les larmes aux yeux, elle avance péniblement. Sans doute l’alcool, sans doute la tristesse, qui pèsent dans ses jambes et la font tanguer. À ce moment-là, il lui semble que demain ne veut plus rien dire. Cette petite rue, elle la pratique tous les jours.
Les habitudes effacent les détails, rendent le paysage anonyme, sans relief. Peut être parce que les circonstances sont différentes ce soir ou peut être parce qu’elle n’a plus rien à perdre, à travers le voile de larmes elle voit pour la première fois la beauté des lumières de la nuit. Tons or et oranges sur fond bleu Pantone 19-40502, tac tac des talons sur les pavés et froissements de feuilles pour seul décor. Il reste ça au moins, la beauté, même si l’avouer lui arrache le ventre.
Dans son cœur comme un écho, des bruissements ressentis dans tout son corps, d’où cela peut-il venir ? Un candélabre, il frémit, sa lumière semble scintiller différemment aussi. Elle se demande d’où peut venir ce bruit qui résonne en elle. Il semble trop étrange pour être seulement être le fruit d’une erreur de branchement de la société de fourniture d’électricité. Un petit éclat de cette lumière se réfracte dans son pendentif Belive in magic. Peut-être que si elle s’approche elle découvrira un accès vers un autre monde ? Peut-être que si elle y croit suffisamment fort tout pourra changer ?
Il semblerait bien que ce soit toi qu’elle regarde. Toi au cœur de cette foule. Des yeux immenses, ça dessine comme des soleils avec ces cils infinis. Tu ne t’es jamais senti autant vu de ta vie, c’est quelque chose qui dépasse le simple croisement de regards. Tu doutes pourtant. Elle ne peut pas vraiment s’intéresser à toi, franchement tu ne le mérites pas, non ? Tu essayes de poursuivre la conversation commencée avant que ces deux immensités ne se posent sur toi. Voilà qu’elle te sourit, ça illumine son visage et ça semble vouloir dire « bienvenue, je t’attendais ». Derrière ton masque, celui en papier et les mille autres intangibles, tu lui retournes timidement ce signe de connexion, pas encore tout à fait convaincue. Cette question qui revient, pourquoi toi ? Si ça se trouve tu as un truc qui cloche sur ton visage qui appelle plus un rire, qu’un sourire.
Mais voilà qu’elle te tend les bras, à toi, levant tous les doutes. Elle est là avec ces yeux châtaigne magnifiques, sa peau porcelaine, son sourire plein de malice, son front balayé par une légère frange, et elle te tend les bras. Une manière de te dite « toi je te fais suffisament confiance pour m’abandonner au contact de ta peau ». Tu laisses tomber les masques, pour confirmer qu’il n’y a pas méprise ou confusion et lui rendre son sourire, le tiens plein de dents. Toujours ses bras et son envie d’aller vers toi. Tu n’as jamais fait ça, tu as souvent eu peur ou pas su comment accueillir. Depuis quelques mois pourtant tu as observé l’effet que ça pouvait faire de s’abandonner à l’instant, au pouvoir d’un regard.
Tu tends les bras et ce petit corps plein de joie quitte les bras de sa maman pour prendre place dans les tiens. Comme ça et ça paraît évident. Sentir la vie et le futur palpiter sous tes doigts met fin à toutes tes interrogations sur le monde, ne reste que la confiance et la sérénité. Elle semble bien, avec toi. Pourtant tu doutes encore, tu ne voudrais la priver de rien. Elle sait qu’elle n’a pas envie tout de suite de retrouver les bras refuge de celle qui est encore une extension d’elle-même. Vous vous colleriez presque, front contre front, à vous raconter les secrets de l’univers. A ce jeu tu paries qu’elle en sait déjà plus que toi. Saisir ces moments de pur bonheur, tu ne sais pas trop faire. Alors tu l’invites à regagner le confort du connu. Toi pour la première fois tu as été confronté à l’inconnu, à l’indicible aussi. Un petit geste d’au revoir puis tu t’éloignes. Tu sens encore dans tes bras, contre ton torse, dans ton cœur, le poids de sa présence, de la vie et de l’avenir. Avec la trace de ce poids dans le corps, tu repars en te faisant la promesse d’être à la hauteur pour que son demain et celui de tous les autres ne soit pas trop incertain.
Il y a ce feu dans mon ventre Quand je me lève, il est petites braises Au fur et à mesure de la journée, il grandit Promis je ne souffle pas dessus pour l’attiser J’essaye de me concentrer De faire comme si au fond de moi ça n’existait pas
Je fais bonne figure Etre là pour ceux qui comptent sur moi Professionnelle, qu’ils disent C’est pourtant ton nom qui occupe mes pensées Je vois tes yeux, ton sourire, tes mains Il faut que je m’arrête là, ne pas aller plus loin
Quand je pense à tes caresses, à ton souffle sur ma peau Si je ne contrôle pas mon esprit Il part dans ce territoire que l’on habite toi et moi la nuit Dans cet espace où il n’y a plus de langage Privée de la vue, privée de l’ouïe Mon corps s’abandonne entre tes mains
Le feu se propage, l’incendie est déclaré Ça pourrait être un feu de joie Autour duquel nous danserions Compter les jours, les heures avant de te retrouver Espérer alors l’embrasement complet Jouer avec le feu
Te voilà, tu es là Tes yeux, ton sourire, tes mains J’imagine déjà tes caresses et le frisson de tes baisers Mais ton corps se dérobe Je nous rêvais continent et je te découvre île à la dérive La fusion tombe à l’eau
Du feu ne reste que la fumée Noire, toxique Elle a le goût de l’amertume et des rêves en éclat Pourtant tu es toujours là Il reste tes yeux et ton coeur malmené par la vie Je comprends peu à peu ce qui m’attend
Devenir pompier de ma propre incandescence Calmer la flamme pour te donner du temps Tu pars à ta propre reconquête J’apprends à t’apprivoiser Petite flamme de bougie, qu’un souffle peut éteindre Espérer qu’à deux nous redeviendrons grand feu