Les lumières de la nuit

Il rayonne, il palpite et sort de lui comme un léger grésillement. Planté là, au milieu du trottoir, il est impossible de dire ce qu’il était censé éclairer.

Elle, seule. Fin de soirée de novembre, l’âme un peu trop chahutée par la vie et les larmes aux yeux, elle avance péniblement. Sans doute l’alcool, sans doute la tristesse, qui pèsent dans ses jambes et la font tanguer. À ce moment-là, il lui semble que demain ne veut plus rien dire. Cette petite rue, elle la pratique tous les jours.

Les habitudes effacent les détails, rendent le paysage anonyme, sans relief. Peut être parce que les circonstances sont différentes ce soir ou peut être parce qu’elle n’a plus rien à perdre, à travers le voile de larmes elle voit pour la première fois la beauté des lumières de la nuit. Tons or et oranges sur fond bleu Pantone 19-40502, tac tac des talons sur les pavés et froissements de feuilles pour seul décor. Il reste ça au moins, la beauté, même si l’avouer lui arrache le ventre.

Dans son cœur comme un écho, des bruissements ressentis dans tout son corps, d’où cela peut-il venir ? Un candélabre, il frémit, sa lumière semble scintiller différemment aussi. Elle se demande d’où peut venir ce bruit qui résonne en elle. Il semble trop étrange pour être seulement être le fruit d’une erreur de branchement de la société de fourniture d’électricité. Un petit éclat de cette lumière se réfracte dans son pendentif Belive in magic. Peut-être que si elle s’approche elle découvrira un accès vers un autre monde ? Peut-être que si elle y croit suffisamment fort tout pourra changer ?

© Raphaël Solarig

La promesse d’un regard

Il semblerait bien que ce soit toi qu’elle regarde. Toi au cœur de cette foule. Des yeux immenses, ça dessine comme des soleils avec ces cils infinis. Tu ne t’es jamais senti autant vu de ta vie, c’est quelque chose qui dépasse le simple croisement de regards. Tu doutes pourtant. Elle ne peut pas vraiment s’intéresser à toi, franchement tu ne le mérites pas, non ? Tu essayes de poursuivre la conversation commencée avant que ces deux immensités ne se posent sur toi. Voilà qu’elle te sourit, ça illumine son visage et ça semble vouloir dire « bienvenue, je t’attendais ». Derrière ton masque, celui en papier et les mille autres intangibles, tu lui retournes timidement ce signe de connexion, pas encore tout à fait convaincue. Cette question qui revient, pourquoi toi ? Si ça se trouve tu as un truc qui cloche sur ton visage qui appelle plus un rire, qu’un sourire.

Mais voilà qu’elle te tend les bras, à toi, levant tous les doutes. Elle est là avec ces yeux châtaigne magnifiques, sa peau porcelaine, son sourire plein de malice, son front balayé par une légère frange, et elle te tend les bras. Une manière de te dite « toi je te fais suffisament confiance pour m’abandonner au contact de ta peau ». Tu laisses tomber les masques, pour confirmer qu’il n’y a pas méprise ou confusion et lui rendre son sourire, le tiens plein de dents. Toujours ses bras et son envie d’aller vers toi. Tu n’as jamais fait ça, tu as souvent eu peur ou pas su comment accueillir. Depuis quelques mois pourtant tu as observé l’effet que ça pouvait faire de s’abandonner à l’instant, au pouvoir d’un regard.

Tu tends les bras et ce petit corps plein de joie quitte les bras de sa maman pour prendre place dans les tiens. Comme ça et ça paraît évident. Sentir la vie et le futur palpiter sous tes doigts met fin à toutes tes interrogations sur le monde, ne reste que la confiance et la sérénité. Elle semble bien, avec toi. Pourtant tu doutes encore, tu ne voudrais la priver de rien. Elle sait qu’elle n’a pas envie tout de suite de retrouver les bras refuge de celle qui est encore une extension d’elle-même. Vous vous colleriez presque, front contre front, à vous raconter les secrets de l’univers. A ce jeu tu paries qu’elle en sait déjà plus que toi. Saisir ces moments de pur bonheur, tu ne sais pas trop faire. Alors tu l’invites à regagner le confort du connu. Toi pour la première fois tu as été confronté à l’inconnu, à l’indicible aussi. Un petit geste d’au revoir puis tu t’éloignes. Tu sens encore dans tes bras, contre ton torse, dans ton cœur, le poids de sa présence, de la vie et de l’avenir. Avec la trace de ce poids dans le corps, tu repars en te faisant la promesse d’être à la hauteur pour que son demain et celui de tous les autres ne soit pas trop incertain.

Flambée

Il y a ce feu dans mon ventre
Quand je me lève, il est petites braises
Au fur et à mesure de la journée, il grandit
Promis je ne souffle pas dessus pour l’attiser
J’essaye de me concentrer
De faire comme si au fond de moi ça n’existait pas

Je fais bonne figure
Etre là pour ceux qui comptent sur moi
Professionnelle, qu’ils disent
C’est pourtant ton nom qui occupe mes pensées
Je vois tes yeux, ton sourire, tes mains
Il faut que je m’arrête là, ne pas aller plus loin

Quand je pense à tes caresses, à ton souffle sur ma peau
Si je ne contrôle pas mon esprit
Il part dans ce territoire que l’on habite toi et moi la nuit
Dans cet espace où il n’y a plus de langage
Privée de la vue, privée de l’ouïe
Mon corps s’abandonne entre tes mains

Le feu se propage, l’incendie est déclaré
Ça pourrait être un feu de joie
Autour duquel nous danserions
Compter les jours, les heures avant de te retrouver
Espérer alors l’embrasement complet
Jouer avec le feu

Te voilà, tu es là
Tes yeux, ton sourire, tes mains
J’imagine déjà tes caresses et le frisson de tes baisers
Mais ton corps se dérobe
Je nous rêvais continent et je te découvre île à la dérive
La fusion tombe à l’eau

Du feu ne reste que la fumée
Noire, toxique
Elle a le goût de l’amertume et des rêves en éclat
Pourtant tu es toujours là
Il reste tes yeux et ton coeur malmené par la vie
Je comprends peu à peu ce qui m’attend

Devenir pompier de ma propre incandescence
Calmer la flamme pour te donner du temps
Tu pars à ta propre reconquête
J’apprends à t’apprivoiser
Petite flamme de bougie, qu’un souffle peut éteindre
Espérer qu’à deux nous redeviendrons grand feu

L’innovation au service du management paisible

Les outils numériques comme leviers du management paisible 

Intelligence collective, holacratie, entreprises libérées, autant d’approches qui ont pour point commun un management plus paisible des collectifs, dans un monde où la pensée complexe n’est plus une option. Les tiers-lieux et les espaces de gestion des communs, qui parviennent à s’organiser au-delà des rapports hiérarchiques en tirant parti des technologies du numérique, peuvent également être des sources d’inspiration pour les managers territoriaux. 

Le management paisible c’est…

> une tentative de réponse à la complexification des enjeux des politiques publiques pour maintenir du sens dans l’action pour les équipes et ultimement les citoyens

> définir un socle de valeurs communes permettant d’oeuvrer ensemble pour la réalisation des objectifs partagés 

> permettre à chaque membre d’une équipe de se sentir contributeur et d’identifier les autres personnes ressources avec lesquelles collaborer 

> fluidifier la circulation de l’information au delà des proximités de fait au sein d’un collectif 

> permettre de dépasser les limites que pose parfois une organisation hiérarchique et le principe des filières, pour permettre une implication de chacun et une hybridation des compétences 

Propositions d’outils numériques pour enclencher une démarche de management paisible :

  • Une plateforme de messagerie instantanée propice à la collaboration 

Les nouvelles modalités du travail entre présentiel et distanciel, mais aussi la saturation des boîtes mail, invitent à repenser les manières de communiquer au sein d’une équipe. Cela peut passer par une messagerie instantanée qui permet aussi de créer des cercles de discussion par projet ou par groupe de travail. Un format d’échange qui ne remplace pas les temps de rencontre, tout en étant plus chaleureux que les courriels. 

  • Un agenda commun pour la gestion des projets 

Un outil partagé qui rend visible pour tous les temps forts dans la conduite d’un projet, les réunions, mais aussi les échéances. Il permet d’associer chacun à la démarche et facilite la circulation de l’information. 

  • Un outil de gestion des tâches collaboratif 

La gestion de manière participative ou horizontale de missions nécessite de pouvoir lister, alimenter, attribuer et s’emparer des tâches nécessaires à la réalisation des objectifs. Un tableau partagé ou un outil s’inspirant de la méthode Kanban peut permettre une meilleure visibilité de l’état d’un projet et permettre à chacun d’y apporter sa contribution. 

  • Des documents partagés 

Pour éviter des retours de mails avec des suivis de modification sans fin, un document partagé permettra d’améliorer les échanges et les collaborations entre membres d’une équipe devant procéder à un travail rédactionnel.

L’innovation digitale n’est pas à elle seule la réponse aux enjeux managériaux, mais elle peut permettre de répondre à de vrais besoins tout en favorisant les synergies, la collaboration et la créativité au sein d’une équipe. Ces démarches, si elles ont été facilitées par la numérisation des processus de travail au cours de la crise sanitaire, doivent toujours être expliquées et construites en impliquant les futurs contributeurs. 

Publication tirée d’une intervention organisée à l’Institut national des études territoriales par Jospeh Salamon autour de la Gouvernance paisible en 2021.

Souvenirs de corps

Ça s’agite dans mon corps, grognements, fourmillements, sifflements, contractions. Il est prêt à partir au combat, mais contre qui ? Le seul danger dans cette histoire, le seul bourreau, c’est mon esprit. Au lieu de danser avec la vie, ce con là a décidé d’être en lutte. Du coup la carcasse suit le mouvement.

Le seul endroit confortable, le seul refuge pour eux semble le pays des souvenirs. Le présent tape trop fort ou sonne comme à travers du coton. Le futur s’élève à des hauteurs inatteignables, écrase avec son lot de questions sans réponses et sent déjà le roussit. L’odeur que j’aime moi, c’est celle de la nostalgie. Je pourrais passer des après-midi entiers à m’enfiler les cassettes mentales des épisodes précédents qu’ils soient heureux ou doux-amers. Les terribles, ceux qui font trop chialer, sont dans des espaces de stockage internes nécessitant d’y aller accompagné. Une fois la bonne pellicule trouvée, je déroule, j’analyse et savoure, enfin. Il m’arrive de rembobiner plusieurs fois pour tenter de comprendre et puis finir par réécrire ma propre histoire.

Le danger de ces petites séances de projections, c’est qu’en se complaisant dans ce re-jeu, je passe à côté des nouveaux souvenirs qui attendent là, dehors. Sans nouveautés, je risque alors de convoquer en boucle les mêmes histoires jusqu’à m’en rendre malade et leur faire perdre de leurs saveurs.

Alors cher corps, il serait temps de calmer le palpitant, de retrouver son souffle, de dénouer ses entrailles pour partir vivre un peu. Ne serait-ce que pour s’assurer d’avoir de la matière quand la saison de la mélancolie sera revenue. Accroche toi au printemps et malgré tout à ses promesses.

Oh mon Trello, tu es le plus beau des Trello !

Je n’ai longtemps juré que par mon Bullet journal, il était mon alpha et mon oméga. Seulement les jours où il m’arrivait de l’oublier à la maison ou au travail, ou encore de changer de sac à la dernière minute, je me trouvais une journée entière sans pouvoir vérifier ou alimenter cette planification des tâches qui peut parfois ressembler à une montagne difficile à attaquer. Après m’être remuée les méninges et extasiée devant le Trello d’une collègue, j’ai décidé de renouer avec cet outil et d’en faire un compas dans la direction d’un établissement.

La rentrée étant souvent synonyme de remise à plat de son organisation de travail, je veux vous présenter dans cet article deux façons d’utiliser Trello : pour organiser son travail et pour piloter l’action d’un service avec son équipe. Avant de se lancer, faisons un petit tour d’horizon de cet outil qui pourrait devenir votre meilleur ami.

Trello pour les nuls

Trello est un outil de gestion de projets en ligne qui permet de visualiser et gérer le flux de tâches d’une équipe. Ses fonctionnalités trouvent leurs inspirations dans les méthodes de management toyotiste « Kanban » et le lean management. L’outil permet de matérialiser les différentes étapes d’un projet ou d’un processus, ce qui donne à chacun une meilleur visibilité, harmonise les pratiques et permet de s’assurer qu’il n’y a pas une trop grande concentration des tâches sur une personne ou une équipe.

L’atout de Trello en comparaison d’autres outils similaires, c’est qu’avec un compte gratuit vous pouvez créer jusqu’à 10 tableaux pouvant correspondre à différents projets ou équipes projets. Chaque tableau peut être composé à loisir ou l’on peut s’aider des modèles présents dans la bibliothèque Trello. L’ajustement des différentes listes dans votre tableau (ce sont les colonnes) permet d’organiser les différents sujets et au sein de vos listes vous pouvez ajouter des cartes qui peuvent être des éléments de brainstorming ou des tâches que vous pouvez attribuer aux membres de l’équipe. Une fois que l’on a un peu pris en main le logiciel les choses deviennent plutôt intuitives et l’on se prend à vouloir créer sa propre structure. Pour les créatifs, Trello permet également de modifier le fond d’écran de votre tableau et d’utiliser des stickers pour encourager les avancées de chacun.

Quand Trello remplace le Bujo

Ne lui dites pas trop fort à mon Bujo (aka Bullet Journal) mais je crois bien que je lui préfère désormais mon Trello. La fonctionnalité la plus intéressante du Bullet journal en comparaison à un agenda standard est la possibilité de planifier des tâches et de prévoir à l’année les grands jalons de la vie d’un service, puis mois par mois et même semaine par semaine la to-do à accomplir.

Pour mon organisation personnelle dans le pilotage d’un service ce sont donc ces fonctionnalités que j’ai cherché à redévelopper dans mon Trello. Au début de mon tableau j’aime avoir les grands objectifs et le cap pour l’année en cours. Une manière chaque matin de m’assurer que l’énergie que je déploie se concentre sur les bonnes actions. Pour les autres colonnes après plusieurs mois d’expérimentations, j’ai choisi pour ma part la répartition suivante : aujourd’hui, cours, moyen et long terme. Si pour vous chaque mois est marqué par des temps forts vous pouvez créer douze colonnes pour visualiser dans un tableau les grandes tâches à accomplir dans l’année.

Si vous souhaitez vous inspirer de ce principe pour créer votre propre Trello vous pouvez retrouver le modèle que j’ai créé pour vous.

Piloter la gestion des tâches de son équipe

Trello est un outil de gestion de projet, il est donc particulièrement utile pour animer la vie d’un service ou d’un groupe de travail. Comme un tableau sans fin n’est pas forcement digeste,il est plus utile d’utiliser un tableau par groupe projet sachant que tous les membres d’une équipe peuvent accéder à l’ensemble des tableaux présents sur Trello. Le choix d’une thématique est plus motivant car on peut véritablement voir l’avancement du projet sur lequel on est positionné. La liste interminable des choses à faire finie par alimenter la colonne des accomplissements, ce qui est très satisfaisant.

Les cartes permettent le suivi : de l’ordre du jour des réunions, d’archiver les documents de compte-rendus, de créer des boîtes à idées, de faire des listes de tâches. Il est également possible de lier son Trello avec d’autres outils tels que Google Drive, un agenda ou la messagerie instantanée Slack pour automatiser certaines tâches ou faciliter les liens entre les différentes plateforme.

L’avantage de cet outil en ligne est qu’il est parfaitement adapté au travailleur nomade ou au télétravail, il est très intéressant pour suivre l’avancement de chacun lorsqu’il n’est pas forcement possible d’être tous en présentiel.

Pour vous aider à constituer votre premier Trello pour le suivi des projets de votre équipe vous pouvez utiliser ce modèle.

J’espère que cet article vous aura donné des idées pour explorer les potentialités de l’outil Trello et qu’il vous permettra d’avancer vers la réalisation de vos projets. N’hésitez pas à partager vos conseils sur la manière dont vous utilisez Trello ou les autres outils de gestion de projet qui vous aident au quotidien.

La poésie peut-elle sauver le monde ?

Récite ta poésie ! As-tu appris ton poème ? Le premier rapport à la poésie est dans l’enfance souvent celui de la contrainte. Les mots qui s’enchaînent ne font pas toujours autant sens que les contes et les histoires. Les maîtres.ses ont beau inviter à les illustrer, à les mettre en chanson, les poésies quand elles ne sont pas fables restent souvent des incantations. Il y a ceux qui excellent dans l’art de la récitation et qui deviennent à ce titre une gloire familiale et d’autres à qui échappent toujours un quatrain. Pourtant en poésie, point de compétition et peut-être que l’oubli d’une partie d’un poème en est déjà une sublimation.

C’est souvent aux premières heures de l’adolescence que la poésie entre vraiment dans nos vies. Ses rimes, son phrasé, sa cadence, sa complexité sont du baume au cœur et la porte ouverte vers un ailleurs pour ces nouvelles âmes. Les premiers textes composés sont d’ailleurs souvent des poèmes qui sont le langage de l’être, du devenir au monde. Quand tout est flou, confus, complexe, lorsque l’avenir est incertain ; la poésie par sa forme quelque peu mystérieuse permet d’avancer. Tel un magicien, un peintre, un savant cuisinier, allongée sur mon lit j’assemblais adolescente des mots. Il suffisait que le stylo touche le cahier pour que l’alchimie opère. Noms, verbes, adverbes, adjectifs et autres conjonctions de coordination devenaient alors des formules aux grands pouvoirs. Coucher ces quelques mots sur le papier, les voir se matérialiser, entrevoir leur beauté et savoir qu’ils nous racontent bien plus que l’on ne le pense, qu’ils nous mettent à nu, tout en restant finalement suffisamment obscurs, comme s’ils n’avaient pas complètement levé le voile de la vérité.

Voilà l’effet cathartique de l’écriture poétique.

Puis le nuage de doutes qui entoure l’adolescence se lève. Se forment alors des certitudes qui, si elles permettent d’avancer, rendent la connexion avec la poésie plus difficile. La quête de l’utilité commence et avec elle l’envie de construire son avenir. L’ère « adulte » s’ouvre. Les mots doivent avoir un sens, leur arrangement former un propos construit et la lecture doit avoir un objectif précis. Les assemblages, les jeux, les images, les assonances, perdent alors de leurs pouvoirs. Ce ne sont plus les idées qui sont obscures, mais les poèmes qui nous deviennent opaques. Nous nous trouvons bien naïfs d’avoir noirci tant de cahiers de vers, de rimes et d’espoir. L’aspiration est désormais celle du roman, avec sa trame narrative qui nous fait croire que l’existence serait un enchaînement de causalités conduisant à une suite logique d’événements et, évidemment, à une fin hautement désirable. Ah le romantisme, celui qui nous fait croire que l’on peut avancer dans la vie selon un canevas bien dessiné, puis une péripétie arrive et chamboule toute l’histoire. C’est alors que l’on prend conscience des limites de la narration.

C’est là, dans l’incertitude de l’existence, dans les périodes de crise, quand plus rien ne semble tenir, que la poésie revient. Comme une nécessité, comme la seule manière de comprendre l’incompréhensible, comme une prière de reconnaissance pour le précieux des petites choses. Les poèmes reviennent dans nos vies quand toutes les certitudes ont été déconstruites et lorsque derrière les masques se révèlent de nouveau l’âme de l’enfant qui sommeille en chacun de nous. Quelques mots pour consoler des plus grands chagrins. Dans les grands bouleversements, il y a peu de choses que l’on puisse faire, il y a peu de peines qu’un poème ne puisse consoler. Chagrins d’amour, disparitions de proche, échecs, questions existentielles, tout dans le poème permet de trouver des réponses ou plutôt de ne plus en chercher activement. La puissance du poème, c’est comme la puissance d’un tableau en comparaison à la photographie. La poésie laisse dans les interstices libres du vers, toute sa place au vagabondage de l’esprit. Le poème ne devient pas tant dans l’action de son auteur, que dans la libre interprétation qu’en fait son lecteur. Tout devient alors possible, manger un pied, remplacer un mot, oublier un quatrain, quand nous lisons ou murmurons un poème.

Lorsque le monde semble perdre pied, que tous les exercices de rationalité semblent vains, la plume du poète vient réordonnancer l’univers. Cette plume refait du lien là où la beauté et l’amour avaient été effacés. Elle se fait aussi arme de résistance contre la froideur d’un droit rédigé par une minorité ou d’une plume acerbe utilisée à l’encontre de la fraternité. Pour écrire des poèmes, il n’y a pas toujours besoin d’encre, car la poésie c’est surtout un regard porté sur le monde. C’est voir dans l’infiniment modeste, dans le petit, dans le quotidien, la beauté de l’être, l’esthétique du rien qui donnent pourtant à chaque seconde son importance.

À l’heure de la performance, des conditions générales de vente imposées, des mails à traiter, des bouleversements qui s’opèrent… lire, écrire et vivre des poèmes, apparaît comme le plus grand acte de résistance, de courage. Qu’ils soient haïku, alexandrin, en forme libre, ou pièce de théâtre, les poèmes par leur simplicité, vacuité et beauté sont devenus d’autant plus nécessaires. Nous ne sommes pas nés pour être seulement utiles et productifs, l’expérience d’être sur Terre, d’être au monde, est aussi une expérience plus spirituelle. La beauté des poèmes permet de se reconnecter à sa présence au monde.

Il en faut du courage pour écrire des poèmes, il en faut des poèmes pour se donner du courage, sans courage point de poèmes. Pour accompagner ces heures nouvellement libérées de quelques poèmes je vous glisse ici les recueils qui m’ont récemment le plus touchés :

  • Il y a le monde, d’Alain Serres, qui est en si peu de page l’histoire d’une vie pleine d’aventure et de cœur et dont les vers parleront aux plus jeunes comme aux plus grands.
  • Enfin le royaume, de François Cheng, dont les vers empreints de spiritualité et d’optimisme donneront matière à penser nos expériences contemporaines. « Car vivre / C’est savoir que tout instant de vie est rayon d’or / Sur une mer de ténèbres, c’est savoir dire merci ».
  • Bright star, de John Keath, comme une méditation et une invitation à nous rapprocher de la nature.
  • Le plâtrier siffleur, de Christian Bobin qui par la singularité de son regard au monde nous permet de voir la poésie dans chaque choses et invite à retrouver de l’estime dans les actions du quotidien.

Travailler en mode 2.0

Les outils numériques, auparavant présentés essentiellement comme un moyen d’augmenter sa productivité et comme un risque de remettre en cause la séparation entre vie professionnelle et vie personnelle, se révèlent dans le contexte de confinement plus essentiels que jamais. Si certaines organisations de travail disposent d’outils et de suites de logiciels qui permettent de faire cette transition facilement du présentiel au distanciel, il n’en est pas de même pour toutes les structures. Dans cet article je vous partage les outils que j’ai pu mettre en place avec mes collaborateurs depuis plusieurs mois et ceux que nous utilisons de manière plus récente pour maintenir l’activité de notre structure et maintenir le lien au sein de toute l’équipe.

Whatsapp pour informer

L’outil le plus simple à mettre en place lorsque ses collaborateurs disposent d’un smartphone ou d’un ordinateur est évidement Whatsapp. Cet outil de messagerie instantanée permet de créer facilement un groupe de communication qui est un fil ininterrompu et non thématisé. De part ses caractéristiques, Whatsapp est donc plus approprié pour une information générale sur la situation actuelle, pour porter une assistance technique sur la connexion aux autres outils du télétravail et pour entretenir la vie de l’équipe. Pour que ce genre de groupe d’échange ne soit pas un lieu de propagation des fausses informations à un moment où le doute et la peur peuvent faire loi, il est important d’assurer un respect de certaines règles de publications. Ainsi Whatsapp peut servir à diffuser des photos rigolotes de ses animaux en télétravail ou les jolis paysages aperçus par la fenêtre mais pas à diffuser des rumeurs non fondées.

Slack pour communiquer

Slack est un messagerie instantanée professionnelle qui permet au quotidien de se délester d’une partie des mails qui s’accumulent dans nos boîtes de réception et ne comportent que quelques mots de réponse à une demande faite. Pour un « OK » ou « Bien pris note » ou « En cours de mise en œuvre » il n’y a pas besoin de s’envoyer un mail au quotidien. Slack permet aussi une communication plus facile dans des espaces de travail multi-sites ou lorsque l’on ne veut pas sans cesse se lever pour déranger un collègue. En mode télétravail, Slack devient l’outil de communication qui remplace les échanges verbaux. Il y a, comme sur Whatsapp, un fil de conversation général qui peut suppléer un mail groupé et permettre une information générale. En plus de cela il y a les fils thématiques qui peuvent permettre à une équipe projet d’échanger sur un point particulier, auxquels s’ajoutent les groupes de messages et messages directs. Slack ne permet pas de remplacer le contact humain, mais permet de faciliter la collaboration à distance et de pouvoir appréhender en tant que manager comment mobiliser ses équipes.

Discord pour se réunir

Si la voix de vos collègues vous manque, car oui parfois les mots ne permettent pas toujours de retranscrire une pensée qui se construit chemin faisant, il est temps de passer à un outil pour organiser des téléconférences. Beaucoup de solutions existent comme Skype, Hangout ou Jitsi Meet pour la visioconférence. Nous avons fait de notre côté le choix de Discord, bien connu des gamers et déjà adopté par plusieurs membres de mon équipe travaillant sur les manifestations vidéoludiques. Discord recoupe certaines fonctions de Slack et en propose d’autres comme la création de chaînes de discussion qui permettent de réaliser des réunions vocales ou vidéo à distance. L’outil permet également un partage d’écran facile, ce qui peut se révéler fort pratique pour porter assistance à un collègue à distance.

Trello pour s’organiser

Trello, que ne peux-tu pas faire ? Cet outil est véritablement génial. Je m’en sers depuis quelque temps comme une sorte de Bulletjournal digital et voilà qu’il est redevenu mon meilleur ami pour la programmation des tâches. Si en amont de la mise en place du télétravail, un plan de charge pour chaque collaborateur a été élaboré, la situation évolue et les choses sont amenées à être réactualisées avec de nouvelles idées qui germent ! Trello, dans le cadre du télétravail, permet de faire une liste des tâches par thématiques, d’y notifier les personnes en charge du pilotage, de se fixer des priorités ou des dates limites et surtout chacun peut alimenter ce tableau de bord. C’est évolutif, esthétique, grâce à ses jolis fonds d’écrans et même ludiques avec des petits stickers pour se féliciter de la réussite d’un projet.

Un drive pour échanger

J’ai la chance d’être dans un établissement qui dispose de son propre NAS et qui a donc son propre drive, permettant le stockage et la collaboration sur des documents. Nous avons donc accès à distance à nos dossiers sur lesquels nous avions l’habitude de collaborer. Dans le cadre de la mise en place d’un télétravail généralisé, le drive est un allié essentiel pour partager des documents, collaborer à des rédactions, faire des modifications. Si vous n’avez pas de système de partage de document en ligne, Google Drive avec une adresse mail commune, peut se révéler une option simple et efficace pour une courte durée du fait de la limitation de stockage de l’option gratuite (15 Go à ce jour). L’option de Microsoft One Drive peut également être intéressante si votre équipe est habituée à la suite Office.

Un calendrier partagé

Prévoir de futures manifestations, fixer des temps d’échange ou encore des rendez-vous avec des partenaires, autant d’informations qu’il est important de pouvoir partager avec l’ensemble d’une équipe d’autant plus lorsque l’on travail à distance. Les suites de messagerie professionnelles proposent des Calendrier groupés qui peuvent permettre à une équipe entière de collaborer. Des solutions en ligne existent également et l’option de Google Agenda permet de visualiser plusieurs calendrier dans un même outil (mea culpa pour ne proposer que des solutions non-libres mais par temps de crise je suis pragmatique).

Calm pour respirer

Le télétravail peut permettre d’adopter de nouvelles habitudes et pour traverser cette tempête qui nous arrive, je vous propose de tester la méditation. En lieu et place de la pause café ou de la pause clope, pourquoi ne pas essayer un exercice de respiration ou une courte session de méditation ? Avec Calm vous serez accompagné dans votre séance avec beaucoup de douceur et l’application propose même des exercices de yoga ou de gym douce, un petit complément qui peut permettre de mieux vivre le confinement.

J’espère que cet article vous donnera des pistes d’outils à mettre en place pour accompagner le travail de vos équipes en ces moments si particuliers. Si vous connaissez d’autres outils qui pourraient être utiles, n’hésite pas à les partager !

Départ gare de Metz

Comme un cadeau, elles flottent dans l’air, quelques notes de piano qui réconfortent les voyageurs, les petits matins de départ ou les soirs d’arrivées après de longs voyages. Les artistes de quelques instants se succèdent, jeunes enfants venus faire leurs gammes, amis se lançant des défis, un homme qu’on croyait là pour faire la manche, la femme d’affaire avant de partir au travail. Ils ne jouent pas à guichet fermé, pour autant des milliers de spectateurs sont là. Ils ne jouent que pour eux, des petites notes et de beaux accords pour rendre le quotidien moins gris et incertain.

Lui donner rendez-vous et l’embrasser sous la statue de Jean Moulin, dans cette poignée de secondes, s’incarne tout ce que cette gare représente pour moi, un nouveau souffle, un élan de liberté.

Peu importe si les couloirs sont sombres, les amoureux trouveront toujours refuge, joie de l’attente et consolation face aux départs dans tes murs épais, témoins des plus sincères histoires. Tu as des petits airs de glaive planté dans la terre et tu te la joues plus belle gare de France. Tu le mérites c’est sûre, la belle gothique. Celle qui t’a précédée n’avait pas ton faste, ni ta carrure, alors que toi dans tes entrelacements tu tiens toute la complexité de ce territoire nourri et bouleversé par cet héritage franco-allemand. J’aimerais bien un jour visiter ton lanternon et y apercevoir de loin la cathédrale et peut-être de l’autre côté le Centre Pompidou. Je te promets de ne pas attendre, comme j’ai attendu pour visiter le toit de la Cathédrale Notre-Dame de Paris. C’est une erreur de se dire avec vous, les vieilles pierres, qu’on a tout le temps devant nous pour vous visiter. Vous étiez là avant nous et nous vivons ainsi dans l’illusion que vous nous survivrez, alors qu’une flamme, un tremblement et vous voilà reléguées à la carte postale souvenir dans les fonds d’archives patrimoniales.

Tu es de ces personnages, dans la vie, ces adjuvants dans la trame narrative, dont on ne sait plus tout à fait à quel moment ils sont rentrés dans l’histoire. Mon premier souvenir de toi n’est pas si lointain et pourtant il appartient déjà à une autre époque, celle où l’on pouvait parcourir la France en train de nuit, ballottés et bercés sur des centaines de kilomètres pour atterrir au matin sous un autre ciel et toujours l’espérer, sous un autre soleil. La généralisation du TGV et l’arrivée des lignes à bas coût leur a fait du mal à ces villages éphémères mobiles.

Je suis arrivée Gare de Metz fin août 2010 avec quelques affaires et ma mère, pour partir emménager à Toulouse et y commencer mes études. Places assises et non couchées, changement à Montpellier, dos douloureux et sommeil impossible malgré les bouchons d’oreille et le masque sur les yeux. Tu es la gare des nouveaux départs, de ces sauts vers l’inconnu. A l’arrivée m’attendait une vie toute neuve et un avenir à construire. Pour ma mère-louve, cela marquait la fin de quelques chose, elle avait su accompagner son petit louveteau vers l’indépendance, la suite de l’histoire, c’était désormais à elle de l’écrire.

Prendre le train c’est partir à l’aventure, c’est se laisser guider par un autre, vers une destination que l’on souhaite meilleure. C’est aussi parfois se laisser tellement transporter par le moment présent, que la destination anticipée ne se trouve pas être celle vers laquelle on se dirige. Entre toutes tes voies, j’y perds parfois un peu mon latin et un soir d’hiver alors que je voulais effectuer le trajet Metz-Thionville, je me suis retrouvée dans le TGV partant sur le chemin inverse. Il suffit parfois d’un train en retard annoncé sur la même voie qu’un train déjà à quai, pour faire d’un soir de semaine anodin le début d’un scénario rocambolesque. Cette histoire n’aurait jamais pu arriver si j’avais pris ma voiture. Certes j’aurai pu me perdre à la sortie de l’autoroute ou alors vouloir emprunter les routes de campagnes et me perdre entre Rombas et d’autres charmantes bourgades en « -ange ». Mais là, grâce à la magie des rails, à l’humanité des contrôleurs et au grand cœur de mon amie un mardi soir à 20h je partais pour Paris.

Les gares, ces endroits où il est donné de rentrer dans la vie des gens, de découvrir ces petits moments de vie. Gare de Metz, train TER direction Nancy, au pieds de l’escalator un jeune homme et une jeune femme, les yeux rougis, ils pleurent, un collier souvenir d’un amour que l’on appellera bientôt passé, est rendu, le contrôleur annonce le départ imminent du train. Ils se séparent, la voie 7 ne leur aura pas portée bonheur. Elle part, il reste, il prends le couloir pour sortir de la gare en noyant son regard dans la succession de pixels sur son écran de téléphone. On vit tous cette rupture, la gare n’offre que peu d’abris pour ce genre de moments, nous sommes tous là à partager ces moments de vie avec eux. Les gares nous rappellent que sur les rails de l’existence, on est finalement tous bien similaires. Qui n’a pas vécu de séparation larmoyantes sur les quais, qui n’a pas retrouvé un amour attendu pendant de longues semaines à la sortie d’un train, qui n’a jamais vidé toutes les larmes de son corps assis sur son siège la tête appuyée sur la vitre du train ?

Je n’imaginais pas qu’après avoir avalé des milliers de kilomètres en train, je reviendrais à toi qui m’a servie de point de départ. Des gares, ici et ailleurs j’en ai vu, j’en ai aimé des belles et des lointaines, mais voilà le billet pris devait prévoir un jour, un retour. Tu es devenue aujourd’hui ma plus belle armure. Tu rends possible le fait de ne pas vivre où je travaille et m’offres ainsi une prise de distance, une protection. Tu me permets d’avoir une vie a moi, d’avoir 27 ans et de vivre l’inconséquence de mon âge.

Piloter une politique culturelle à vents contraires

En matière de politique culturelle il y a la théorie, ce pays parfait où l’on souhaiterait tous habiter, et la pratique.

Penser et conduire une politique culturelle c’est faire un diagnostic de l’existant, définir des objectifs stratégiques en lien avec les enjeux identifiés, penser une déclinaison en objectifs opérationnels puis en actions et enfin prévoir un dispositif d’évaluation.

En tant que managers culturels, nous maîtrisons à peu près les enjeux de la conduite de  politiques culturelles. Mais cette connaissance n’est pas forcément diffusée largement dans nos structures, aussi la mise en place de tels projets peut vite apparaître comme secondaire. Dans ces circonstances, la construction, puis le pilotage d’une politique culturelle doit s’adapter aux contraintes de moyens, sans pour autant renoncer à son ambition.

Je ne vais pas ici me lancer dans de grandes leçons sur tout ce qu’il vous faudrait faire. Je vais plutôt vous proposer quelques pistes de réflexion pour, quand noyés dans le quotidien, vous souhaitez malgré tout prendre un peu de hauteur sur la conduite de vos actions.

1 / S’appuyer sur d’autres acteurs pour réaliser un diagnostic

Le temps du diagnostic est essentiel pour connaître son public, ses problématiques, les acteurs du territoire, les leviers d’action… Le diagnostic permet de comprendre le passé en établissant un état des faits – les forces, les faiblesses et les opportunités d’un territoire – , de nouer un dialogue entre les acteurs et de définir des propositions d’actions.

La réalisation d’un diagnostic implique une collecte de données quantitatives et qualitatives, c’est donc une étape complexe à mener lorsque l’on arrive sur de nouvelles fonctions ou que l’on manque de moyens. Réaliser cette analyse du territoire pour en comprendre les forces et les faiblesses est chronophage en temps et en ressources humaines.

Comme il n’est pas toujours possible de recourir à une aide extérieure pour le conduire je vous propose de vous nourrir d’autres sources pour établir votre cartographie de données quantitatives :

Une fois ces données collectées reste la partie qualitative de votre diagnostic à réaliser. Une solution a minima consiste à réaliser une enquête en ligne et/ou un focus group avec un panel représentatif d’usagers et partenaires. L’élaboration d’une trame d’enquête et la méthodologie pour animer un groupe de réflexion avec des usagers peut demander un travail dans la durée. Il est alors intéressant de voir les possibilités de collaboration avec les départements de sciences humaines d’universités pour impliquer des étudiants et chercheurs dans la démarche. S’il n’est pas possible de réaliser l’approche qualitative à ce stade, il sera toujours possible de l’éprouver au niveau de la formulation de vos objectifs stratégiques.

Pour en savoir plus sur la méthodologie de travail du diagnostic de territoire, je vous conseille le site Diagnostic-Territoire qui propose des ressources pédagogiques libres pour vous accompagner dans votre démarche.

2/ Mobiliser le terrain et éprouver ses objectifs stratégiques

Même si à ce stade vous avez une vision relativement claire des grands objectifs que vous souhaitez porter, il est important en amont de la formalisation de la politique culturelle de mobiliser autour de soi les acteurs qui seront des leviers du changement.

Faute de pouvoir s’engager dans une grande démarche participative, il est possible de travailler en amont les objectifs stratégiques et de réunir un groupe de travail réunissant l’ensemble des parties prenantes pour éprouver vos propositions. Veillez à réunir dans ces groupes des personnes représentatives des différentes parties prenantes (tutelles, agents, partenaires socio-éducatifs, usagers etc…). À l’issue de cette réunion il faut que les objectifs qui auront été définis répondent aux critères SMART (spécifique, mesurable, acceptable, réaliste, temporellement défini), soient écrits au présent et ne soient pas le reflets de préjugés mais bien issus du diagnostic partagé par les acteurs.

En associant les futurs partenaires sur l’élaboration des objectifs, ont s’assure qu’ils seront bien mobilisés pour monter les actions. Le travail collaboratif sur la définition des objectifs doit également permettre un travail plus pertinent et parfois même plus rapide.

3/ Contribuer au développement d’une culture projet partagée

Piloter une politique culturelle à vents contraires, c’est aussi faire en sorte de diffuser un maximum la culture projet au sein des équipes afin qu’une fois impulsé le projet puisse être pérennisé. La culture projet n’est pas toujours une évidence parmi les équipes, elle bouleverse parfois les manières traditionnelles de travailler car elle conduit à mettre autour de la table des acteurs différents souvent en dehors des organisations hiérarchiques.


Faire accepter la culture projet nécessite de déconstruire ces a priori et de faire percevoir que le mode projet permet de mener à bien les actions en ayant également un suivi. Pour se faire avoir une approche ludique et visuelle peut faciliter la compréhension et l’appropriation. Quelques outils vous seront nécessaire pour pouvoir assurer la mise en œuvre et le suivi de votre politique culturelle : un tableau de suivi des axes, des fiches projet pour les grandes actions, des fiches actions pour permettre à chacun de connaître les animations mises en place. Vous trouverez en ressources complémentaires à cet article un exemple de fiche projet à mettre en place. Une appropriation de ses outils par les équipes est nécessaire pour vous permettre de limiter votre intervention à chaque étape d’un projet dans un contexte où votre temps est compté.

La réalisation d’un tableau de suivi doit vous permettre de réaliser un bilan des actions menées par le biais d’indicateurs et de réaliser un bilan annuel de l’avancement du projet culturel qui servira d’outil de suivi pour vos tutelles. Comment matériellement réaliser ce suivi dans une situation contrainte ?

4/ Formaliser un retour du terrain

Pour s’assurer du bien fondé du déroulement d’une action et de son intégration dans le cadre d’une politique culturelle, il est important de pouvoir l’évaluer. Si le sujet de l’évaluation appel ici un article en lui-même, j’en profite tout de même pour vous glisser une vidéo permettant d’aborder les grandes étapes de la mise en place d’une stratégie d’évaluation incluant des données qualitatives.

Quelques pistes de travail pour mettre en place une stratégie d’évaluation.

L’évaluation est une manière d’éprouver la validité des axes de politique culturelle fixés au début de la démarche. Cela permet également au besoin de faire des réajustements et de faire évoluer le projet culturel dans le temps. En effet toute stratégie de politique culturelle devrait avoir un horizon temporel défini à l’issu duquel il importe d’établir si les objectifs stratégiques fixés sont atteints, à maintenir ou à revoir.

Les clefs de la conduite d’une politique culturelle dans un contexte contraint est donc un exercice empreint de pragmatisme. Partir de données existantes, s’appuyer sur les acteurs du territoires, diffuser une culture projet et d’évaluation autant d’étapes clefs qui vous permettront de porter une politique culturelle que chacune des parties prenantes puisse s’approprier.